Dossier n°6569A - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Eugène Wurth

Année de nomination : 1995
Date de naissance : 19/12/1879
Date de décès : 05/01/1959
Profession : Entrepreneur, Propriétaire d’une petite entreprise de peinture décoration,employé chez Bulher

Marie (Gouget) Wurth

Année de nomination : 1995
Date de naissance : 21/09/1888
Date de décès : 19/10/1958
Profession : sans profession

Lucienne (Wurth) Saulnier

Année de nomination : 1995
Date de naissance : 26/05/1921
Date de décès : 13/11/2018
Profession : Sans profession
    Localisation Ville : Besançon (25000)
    Département : Doubs
    Région : Bourgogne-Franche-Comté

    L'histoire

    Jacqueline Sevi, fille de Juifs originaires de Turquie, qui habitaient le 16ème arrondissement de Paris, avait six ans lorsque les Saulnier (q.v.) proposèrent à ses parents de lui trouver une cachette sûre où elle n’aurait pas à craindre d’être arrêtée. En septembre 1942, Adrien Saulnier escorta la fillette chez la famille Wurth à Besançon (Doubs). Lucienne Wurth, alors âgée de vingt et ans, était fiancée au frère d’Adrien, qui avait rejoint les Forces Françaises Libres du général de Gaulle. Elle habitait chez ses parents, Eugène et Marie Wurth. Jacqueline fut reçue chaleureusement et traitée comme si elle faisait partie de la famille. Avant son départ, son père lui avait expliqué que, pour sa sécurité, elle devrait adopter les coutumes des gens chez qui elle allait vivre. C’est ce qu’elle fit. Les Wurth l’inscrivirent à l’école sous leur propre nom; la fillette allait à la chorale de l’église avec Lucienne et, le dimanche, se rendait à la messe avec toute la famille. Il y eut pourtant une voisine pour faire des réflexions sur les boucles brunes de l’enfant et ses yeux noirs. Eugène Wurth lui déclara sans ambages que si quelque chose arrivait à l’un des membres de son foyer, elle le regretterait. Il demanda également au curé de la paroisse de lui adresser quelques paroles bien senties. Impressionnée, la voisine se tint tranquille. Adrien Saulnier revint de Paris avec le coffret à bijoux que lui avaient confié les Sévi; Eugène Wurth retira une dalle de la salle de bains, creusa un trou, y plaça le coffret, referma le trou et remit la dalle en place. Le coffret resta chez eux jusqu’à la Libération. Jacqueline, elle, quitta sa famille d’adoption quelques mois avant la fin de l’Occupation pour aller rejoindre ses parents et son frère, réfugiés à Mouthiers-Hautepierre, au nord de Besançon. C’est à regret que la fillette quitta sa famille adoptive. Les liens tissés pendant ces années difficiles entre les Saulnier, les Wurth et la famille Sévi qu’ils avaient sauvée, ont perduré après la guerre.

    Le 25 avril 1995, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Eugène et Marie Wurth ainsi qu’à leur fille Lucienne, le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    La famille Sévi venait d’Istanbul et s’était installée en France. Le père Albert Sévi était négociant en pierres précieuses. Il s’était marié avec Mathilde Alfandary et en 1935 ils avaient eu une petite fille prénommée Jacqueline. Ils étaient installés à Paris.

    La voisine de palier se nommait Marguerite Saulnier. Elle était l’amie de la Maman de Jacqueline. Devant la situation difficile avec les bombardements sur Paris, le mari Adrien Saulnier emmena Jacqueline chez Eugène et Marie Wurth dans les environs de Besançon. Ils avaient une fille Lucienne.

    Lorsqu’Adrien Saulnier demanda aux Wurth s’ils voulaient bien recevoir chez eux une petite fille juive, Madame Wurth répondit : « qu’est ce que c’est que ces histoires de religion, mais bien sûr que nous la prendrons, où va-t-elle aller cette petite ! »

    Les Wurth s’occupèrent avec beaucoup d’amour de Jacqueline, l’entourant de leur affection de l’automne 1942 à l’été 1944. Jacqueline allait à l’école à Saint-Claude sous le nom de Jacqueline Wurth. Comme les autres enfants de son âge, elle allait le dimanche à l’église et le jeudi au patronage pour éviter tout commérage et toute suspicion. Elle fit sa communion. A la fin de la guerre, Jacqueline retrouva ses parents.

    Documents annexes

    Article de presse – Remise de médaille

     




    Mis à jour il y a 1 mois.