Dossier n°6668 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Ursule Dalian Sakayan

Année de nomination : 1995
Date de naissance : 02/05/1904
Date de décès : 03/09/1994
Profession : Couturière à domicile

Vincent Dalian

Année de nomination : 1995
Date de naissance : 09/01/1909
Date de décès : 13/12/1957
Profession : Peintre en bâtiment
    Localisation Ville : Paris (75017)
    Département : Paris
    Région : Ile-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

    Vincent et Ursule Dalian, des immigrants arméniens, étaient venus vivre à Paris dans les années vingt. Ursule travaillait à domicile – elle cousait des pantalons – pour le compte de deux ateliers, dont l’un appartenait à Joseph Leibovici, un Juif roumain, et l’autre à Bernard Igielnik, Juif polonais. Les Dalian s’entendaient bien avec les familles des deux employeurs d’Ursule. En juin 1942, lorsque Bernard décida de passer en zone sud, c’est Vincent Dalian qui lui trouva un guide grâce auquel il franchit la ligne de démarcation avec son fils et arriva en Indre-et-Loire. Madame Igielnik, restée à Paris, attendait d’avoir des nouvelles de son mari et de son fils pour les rejoindre. Au début du mois de juillet, quelques jours avant la grande rafle, Vincent Dalian vint l’avertir que le bruit courait que les Juifs seraient arrêtés d’un moment à l’autre et lui conseilla de quitter son appartement sans délai. Elle se cacha chez les Dalian pendant plusieurs jours. Vincent et Ursule prenaient ainsi de grands risques. Vincent trouva encore un guide qui réussit à conduire Madame Igielnik auprès de son mari et de son fils. En septembre 1942, des policiers français vinrent arrêter les Leibovici et leurs parents, les Pizon, lors d’une rafle des Juifs roumains. Claire Leibovici, qui avait alors neuf ans et demi, resta seule à la maison. Ses quatre cousins – âgés de huit à dix-sept ans – qui eux aussi avaient échappé à l’arrestation, vinrent la chercher et la trouvèrent terrifiée au milieu de voisins en train de piller l’appartement. Les Leibovici, qui avaient des permis de travail délivrés par les Allemands, furent remis en liberté le jour même. A leur retour chez eux, ils trouvèrent les cinq enfants dans l’appartement dévasté. Ils retirèrent l’étoile jaune de leurs vêtements et tentèrent de reprendre le fil de leur existence. Mais, lorsque Madame Leibovici fut à nouveau arrêtée, en avril 1943, ils arrivèrent à la conclusion, bien qu’elle ait été immédiatement remise en liberté grâce à son permis de travail, que le temps était venu de se cacher. Vincent et Ursule Dalian se déclarèrent prêts à les héberger. Dans un premier temps, les sept fugitifs se réfugièrent dans le petit appartement du couple. Ensuite, Vincent chercha d’autres solutions. Il loua un deux-pièces où les jeunes Pizon passaient la nuit; sauf les deux plus petits, logés dans un autre abri. Au bout de quelques mois cependant, les voisins commencèrent à avoir des soupçons; Vincent ramena donc les enfants chez lui. Il loua un autre appartement à son nom pour les Leibovici dans un immeuble où habitaient des soldats allemands. Ce coup d’audace réussit admirablement. Nul ne s’imaginait que les nouveaux locataires pouvait être des Juifs venus se jeter dans la gueule du loup. Ainsi, les trois Leibovici et leurs quatre cousins survécurent et se retrouvèrent sains et saufs à la Libération. Quant aux Dalian, ils déclarèrent après la guerre qu’ils avaient agi par sympathie pour des gens qui étaient persécutés du fait de leur religion ou de leur nationalité. D’ailleurs, expliquèrent ils, « c’était nos amis. »

    Le 13 juin 1995, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Vincent et Ursule Dalian, le titre de Juste parmi les Nations.

     




    Mis à jour il y a 11 mois.