Dossier n°6850 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Marcelle Chilloux

Année de nomination : 1995
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Agricultrice

Roger Chilloux

Année de nomination : 1995
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Agriculteur
    Localisation Ville : Villherviers (41200)
    Département : Loir-et-Cher
    Région : Centre-Val de Loire

    L'histoire

    Au début de la guerre, la famille Sétion vivait à Paris où elle avait un magasin de bonneterie dans le dix-septième arrondissement. Ces Juifs de Turquie venus s’installer en France avaient quatre filles : Estelle, née en 1916, Vicky, en 1921, Colette, en 1930, et Ginette, en 1934. Lors de la grande rafle des Juifs parisiens en juillet 1942, plusieurs parents des Sétion furent arrêtés et ils décidèrent de se chercher une cachette. Un ami de la famille trouva un abri à Paris même pour les parents et les deux filles aînés. Au début de l’année 1943, d’autres amis parisiens trouvèrent un hébergement pour les deux plus jeunes à Villeherviers, dans le Loir-et-Cher. La famille qui les reçut leur assura un asile mais avec froideur, et ne se privait pas de remarques antisémites plus ou moins voilées. Ginette et Colette étaient chargées d’aller tous les jours à la ferme des Chilloux acheter des produits laitiers. Roger et Marcelle Chilloux commencèrent à s’attacher aux fillettes. Voyant qu’elles avaient l’air malheureuses, Roger leur proposa d’habiter chez lui. Estelle, la grande soeur, vint reprendre Ginette et Colette et les amena chez les Chilloux, qui avaient quatre enfants. Les gamines aimaient bien la vie à la ferme, malgré leur inquiétude constante pour leurs parents à Paris. Pour plus de sûreté, leurs protecteurs ne les envoyaient pas à l’école et faisaient de leur mieux pour leur donner des leçons particulières à la ferme. Elles apprirent aussi à traire les vaches, battre le beurre, faire du fromage et aider aux champs. Colette et Ginette vivaient dans la famille Chilloux comme si elles en faisaient partie. Le dimanche, elles l’accompagnaient à la messe, pour faire croire aux gens du village qu’elles étaient des parentes et de bonnes chrétiennes. Par leur attitude, les fermiers témoignaient non seulement de leur affection pour les fillettes mais aussi de leur hostilité à l’Occupation. Leur ferme servait souvent de lieu de rencontre à des résistants opérant dans la région. A la Libération Colette et Ginette retournèrent chez leurs parents à Paris mais restèrent en contact avec la famille Chilloux.

    Le 29 octobre 1995, Yad Vashem- Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Marcelle et Roger Chilloux le titre de Juste parmi les Nations. 

    Le témoignage

    Roger Chilloux
    Fuyant Paris et l’aggravation des persécutions contre les Juifs, Colette Sétion et sa sœur Ginette trouvent refuge à Villeherviers, dans le Loir-et-Cher, chez Marcelle et Roger Chilloux, de jeunes fermiers, déjà parents de quatre enfants, qui les accueillent chaleureusement.

    Dès lors, ils les protègent et les choient comme leurs propres enfants et ce, malgré les risques énormes encourus, le Loir-et-Cher étant alors en Zone occupée et les Allemands venant se ravitailler régulièrement à la ferme de Marcelle et Roger. Toute la famille, ainsi que les deux petites protégées, travaillent ensemble aux travaux de la ferme et des champs. A la Libération, Colette et sa sœur Ginette, âgées respectivement de 9 et 12 ans, retrouvent leurs parents à Paris.

    Les médias externes :