Dossier n°6901 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Madeleine Ménard

Année de nomination : 1995
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Institutrice

Roger Ménard

Année de nomination : 1995
Date de naissance : 29/11/1904
Date de décès : 03/12/1950
Profession : Instituteur, Secrétaire de Mairie
    Localisation Ville : Mauves-sur-Huisne (61400)
    Département : Orne
    Région : Normandie

    L'histoire

    Roger Ménard vivait avec sa femme Madeleine à Mauves-sur-Huisne (Orne). Ils étaient tous deux instituteurs à l’école du village, et, comme c’était souvent le cas, l’instituteur était également le secrétaire de mairie. En 1942, le docteur Nabedrick, un jeune dentiste juif, arriva au village avec sa femme et leur toute petite fille. Il cherchait un asile, mais aussi un endroit où il pourrait exercer son métier. Conformément à la loi, il alla se faire enregistrer à la mairie. Il espérait obtenir des papiers sans la mention « juif » qui lui rendrait impossible l’exercice de sa profession. Roger Ménard lui remit de faux papiers et le dentiste ouvrit un cabinet. Seul Roger et sa femme savaient qu’il était juif. Ils avaient dit à tout le monde que les nouveaux-venus étaient des membres de leur famille, qui avaient dû quitter leur domicile sur la côte bretonne parce que les Allemands y construisaient des fortifications. Cet été là, le père du dentiste, resté à Paris, fut arrêté puis déporté en Allemagne. Sa mère se retrouva seule. Il fut décidé que toute la famille – soit la mère, le frère, la grand-mère, la belle-mère, l’oncle et les deux cousins de M. Nabedrick – viendrait se réfugier à Mauves-sur-Huisne. Ainsi fut fait. L’un des deux cousins, Serge Ferrand, qui avait alors onze ans, témoigna après la guerre qu’il avait fréquenté l’école communale pendant deux ans, jusqu’à la Libération. Les Ménard avaient procuré à tout le monde des faux papiers et des cartes d’alimentation – à l’insu du maire, collaborateur notoire. Lorsque les gendarmes commencèrent à poser des questions, les Ménard s’en tinrent à leur version habituelle. Quelqu’un dénonça pourtant le dentiste, l’accusant d’exercer sans permis. Il « disparut » alors, se cachant dans le grenier des Ménard où il vécut jusqu’à la fin de l’Occupation. Ce n’est qu’alors qu’il apprit que Roger et Madeleine faisaient également partie de la Résistance, et qu’ils avaient risqué leur vie pour les sauver.

    Le 25 décembre 1995, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Roger et Madeleine Ménard le titre de Juste parmi les Nations.