Dossier n°6950 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Félix Gagne

Année de nomination : 1996
Date de naissance : 16/09/1894
Date de décès : 10/05/1969
Profession : Curé
    Localisation Ville : Siaugues-Sainte-Marie (43300)
    Département : Haute-Loire
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    En 1942, Robert Sigalea, un émigré juif qui avait été envoyé dans un camp de travail par les autorités de Vichy, fut « prêté » comme infirmier à un dispensaire de pédiatrie à Clermont Ferrand (Puy-de-Dôme). Au début du mois de décembre, la police vint l’arrêter. Par chance, il avait quitté son domicile une demi-heure auparavant… Le lendemain, la police se présenta à son lieu de travail. Amélie Reymond, professeur de latin à l’Institution Sainte-Marguerite, vint à son secours. Elle lui trouva diverses cachettes pour de courtes périodes. Puis elle l’adressa au père Félix Gagne, curé de Siaugues-St.Romain, son village natal. Le prêtre cacha le fugitif au presbytère. Comme ses paroissiens y venaient de jour comme de nuit, Robert Sigalea devait littéralement « faire le mort » : il gardait le silence, ne sortait jamais et n’avait aucun contact avec le monde extérieur, fût-ce par lettre. Du fait qu’il été recherché par la police, le danger était grand. Seule la gouvernante du curé était au courant, et pour éviter tout soupçon, elle n’achetait pas plus de nourriture qu’à l’accoutumée. Sigalea passa 14 mois chez le père Félix, qui le traitait avec bonté, lui remontait le moral, le réconfortait dans les moments difficiles, et lui recommanda de lire le Livre de Job, pour méditer la réaction d’un homme courageux dans la tourmente. Le prêtre et le fugitif, issus d’horizons bien différents, se lièrent d’amitié. En mars 1943, Sigalea dut quitter son refuge et partir chez le père Etienne Pabiou, curé du village voisin, Auteyrac. Lorsque la situation devint trop dangereuse là aussi, Amélie Reymond et le curé « hospitalisèrent » le fugitif dans un couvent du Puy qui faisait office d’hôpital psychiatrique. La mère supérieure persuada Robert Sigalea de jouer le rôle d’un malade mental. Il demeura dans l’établissement jusqu’à la libération du Puy, soit pendant quatre mois.

    Le 3 janvier 1995, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné au père Félix Gagne, le titre de Juste parmi les Nations.