Dossier n°7075 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Maurice Grousseau

Année de nomination : 1996
Date de naissance : 05/01/1887
Date de décès : 23/05/1963
Profession : Agriculteur
    Localisation Ville : Cissé (86170)
    Département : Vienne
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Mosek Brafman est né à Varsovie en Pologne, aîné d’une famille nombreuse il décide d’émigrer après des études de comptabilité d’abord en Allemagne puis en Belgique, puis en France à Pompey où il travaille en Lorraine dans une usine. Par la suite il arrive à Paris dans un atelier de maroquinerie où il fait la connaissance de sa future épouse Malka Braindel Kaminski.

    Son épouse et sa famille sont arrivées en France dans les années 1910 et avaient un magasin de fournitures pour tailleurs dans le XXieme arrondissement.

    Avant la seconde guerre mondiale Mosek avait réussi à faire venir de Pologne toute sa famille. Au fur et à mesure, les enfants étaient témoins d’actes antisémites, un jour Mosek a été obligé d’apposer dans son magasin un petit panneau « entreprise juive »…. Inquiets il décide avec son épouse d’envoyer leurs deux enfants à l’abri à la campagne. C’est un oncle, Henri Kolton, dentiste à Poitiers qui trouve un refuge chez les Grousseau.

    Maurice Grousseau était fermier à Cissé, dans la Vienne. A partir de juin 1941 et pendant plus d’une année, sa femme et lui ont hébergé le jeune Wolf Brafman, dix ans, et sa sœur Hélène, huit ans.

    Après avoir joué tous les deux dans le magasin de leurs grands-parents maternels rue de la Présentation et leur quotidien dans le 10ième arrondissement de Paris, Wolf et sa sœur Hélène vont découvrir la campagne, la vie à la ferme, chez ceux qui vont appeler Tata Sylvie et Tonton Maurice.

    Les deux enfants s’adaptent rapidement à la vie à la campagne. Ils fréquentent l’école du village, et grâce à la bienveillance et à l’amour des Grousseau ils ont le sentiment de faire partie de leur famille. Les enfants ont pu malgré la séparation brutale d’avec leurs parents, être insouciants, aller à l’école et ne pas subir l’humiliation du port de l’étoile jaune.

    Lors des grandes rafles de Juifs, les 16 et 17 juillet 1942, à Paris, leurs parents réussissent à s’enfuir de la ville. En route vers la zone sud, ils arrivent en août à la ferme des Grousseau. Maurice Grousseau les aide à franchir la ligne de démarcation située à une trentaine de kilomètres du village.

    Quelques semaines plus tard, installés à Vaulnaveys le Haut dans l’Isère, les Brafman qui se sentaient en sécurité, ont voulu que leurs enfants les rejoignent. Le 19 septembre 1942, Maurice conduit donc Wolf et Hélène dans un village en zone libre, où les attendait un ami du nom de René, qui escorta les enfants, d’abord en voiture, puis en train, jusqu’à Grenoble.  Hélène se rappelle l’arrivée dans une sorte d’auberge et avait compris comme son frère qu’il ne fallait pas se faire remarquer par ici.

    Là, leur père vient les chercher. En hébergeant des enfants juifs, en les aidant, eux et leurs parents à franchir illégalement la ligne de démarcation, Maurice Grousseau prenait de gros risques pour lui et pour sa famille. Il le fit pourtant courageusement et sans demander la moindre rétribution.

    Le 27 mars 1996, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah,  a décerné à Maurice Grousseau, le titre de Juste parmi les Nations.