Dossier n°7101 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Gabriel Bory

Année de nomination : 1996
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Paysan

Jacqueline (Bory) Lussereau

Année de nomination : 1996
Date de naissance : 13/11/1922
Date de décès : //
Profession : Coiffeuse

Marcelle (Prouteau) Bory

Année de nomination : 1996
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Paysanne
    Localisation Ville : Coudray (45330)
    Département : Loiret
    Région : Centre-Val de Loire

    L'histoire

    La jeune Françoise Jebrak a tout juste dix-sept ans en 1941 lorsque le salon de coiffure de son père Isaac arrivé en France en 1925, situé à Paris, rue Notre Dame de Nazareth dans le 3ème arrondissement, est fermé par les autorités françaises et placé sous contrôle d’un gérant aryen.

    En juillet 1941, Isaac est arrêté par la police française et envoyé à Drancy jusqu’en novembre de la même année, avec plus de 800 autres juifs sans même avoir pu prévenir son épouse. Françoise, qui vient d’obtenir son certificat de coiffure, continue à travailler en cachette dans l’arrière-salle du salon. Pendant ce temps, à Drancy, après plusieurs mois passés dans le froid et la faim, des centaines de Juifs, dont le père de Françoise, sont remis en liberté à la suite d’une épidémie de gastroentérite. Les Allemands ont eu peur d’une épidémie de Typhus. Pendant qu’il reprend des forces chez lui, il craint d’être à nouveau arrêté. Il s’assure alors les services d’un passeur professionnel moyennant finance et s’enfuit vers Lyon, en zone non occupée. Sa femme, son fils et sa fille, qui n’ont pas été inquiétés, restent à Paris. Leur situation est pourtant difficile ; le travail de Françoise est leur seule source de revenus. C’est alors qu’un voisin la dénonce. Les autorités confisquent les clés du magasin. La jeune fille continue à travailler en allant coiffer ses clientes à leur domicile.

    Le 16 juillet 1942, Françoise est avertie d’une grande rafle et ne peut donc pas rentrer chez elle, rue Vaucouleurs dans le XIème arrondissement de Paris. Elle décide alors d’aller voir la mère de son amie Jacqueline de l’école de coiffure qui travaille à proximité, Marcelle Bory. Sa mère et son jeune frère qui ont eux aussi échappé à la rafle du Vel d’Hiv sont cachés précairement chez une tante à Villepinte. Jacqueline Bory et ses parents, Gabriel et Marcelle, cachent Françoise chez eux jusqu’au soir puis l’emmènent dans un abri plus sûr, où elle va passer deux semaines.

    Ensuite Gabriel Bory l’accompagne jusqu’à un refuge plus éloigné et plus sûr, la maison d’amis à Neuvy-sur-Loire, dans le Loiret, et lui trouve aussi un travail, une place de coiffeuse apprentie. En septembre 1942, alors qu’elle marche dans une rue du village, un jeune homme de 33 ans, Gérard Lagier, qu’elle ne connait pas s’arrête à côté d’elle et lui dit « Le bruit court qu’une femme juive se cache ici ; faites vite votre valise et montez dans ma carriole. »

    Ce jeune homme est un paysan qui avait été fait prisonnier de guerre. Il s’était échappé en 1941 et était rentré chez ses parents Just et Juliette Lagier à Coudray, sur la Loire, hameau isolé qui ne comptait que deux fermes, la sienne et celle de ses parents. Gérard conduit Françoise chez lui. Marcelle, sa femme, ainsi que leurs deux filles, l’accueillent chaleureusement. Les Lagier acceptent plus tard de cacher Hélène la maman de Françoise et son jeune frère Léon, âgé de quatorze ans.

    Les Jebrak passent plus de dix mois chez les Lagier, participant aux travaux de la ferme. De temps en temps ils voient des armes cachées dans des meules de foin – Gérard Lagier est un membre de la Résistance et appartient au Parti Communiste. Avec ses camarades, il réalise de nombreux actes de résistance contre le régime de Vichy et l’occupant allemand, comme entre autres des sabotages de voies ferrées. Il faisait son devoir de patriote dans l’ombre tout en continuant son travail d’agriculteur. Gérard va apprendre à Léon les travaux des champs, à tamiser la farine, à s’occuper des vaches et du cheval., et aussi à pêcher.

    Un dimanche, tout le monde est à table lorsque six policiers français armés font irruption, l’arme aux poings pour arrêter Gérard, le réseau avait été donné. Ils fouillent tout de même la ferme et ne trouvent rien de compromettant. Ils demandent qui étaient ces trois personnes, et Gérard répond calmement que c’étaient des amis de Paris venus pour les vacances. La police ne cherchait pas ce jour-là à arrêter des Juifs. Gérard est alors arrêté et remis aux allemands, il appartenait au groupe Chanzy des FTP du Loiret. Gérard et ses compagnons ont eu un simulacre de jugement.  Quatre mois plus tard, le 8 octobre 1943, Gérard Lagier sera fusillé avec quinze autres résistants du réseau de Chanzy au stand de tir du terrain militaire des Groues. Les Jebrak n’oublieront jamais celui qui les a sauvés.

    Le 28 avril 1996, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Jacqueline Bory, ses parents Gabriel et Marcelle et à Gérard et Marcelle Lagier, le titre de Justes parmi les  Nations.

    Documents annexe

    Article de presse – La République du Centre
    Article de presse – Bulletin municipal N°15 Bonny-sur-Loire du 08/07/1998
    Invitation cérémonie Bory

     




    Mis à jour il y a 2 semaines.