Les Justes
Marie-Magdeleine Giraudier
Année de nomination : 1996Date de naissance : 22/07/1886
Date de décès : 02/06/1976
Profession : Directrice à la retraite d’une école de filles
Département : Drôme
Région : Auvergne-Rhône-Alpes
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire

Marie-Magdeleine GIRAUDIER
Pendant l’Occupation, Marie-Magdeleine Giraudier, âgée de plus de 70 ans, directrice à la retraite depuis les débuts des années 40, d’une école communale de fille à Romans, dans la Drôme, prend la tête d’un réseau de sauvetage composé essentiellement de femmes. Ce réseau collabore étroitement avec la Résistance.
La famille Gersztenkorn originaire de Pologne a émigré à paris dans les années 20. La famille possède un petit atelier de tricot, rue de la Mare dans le quartier de Ménilmontant. Pejsach Gersztenkorn, le père est arrêté le 14 mai 1941 (rafle du billet vert), et interné dans le camp de Pithiviers. Il sera déporté sans retour à Auschwitz le 25 juin1942.
En septembre 1943, après le départ des troupes italiennes, le département est occupé par les Allemands. En octobre, la courageuse retraitée offre l’asile à quatre femmes juives : Myriam Gersztenkorn, ses deux sœurs Ita Kac et Esther Wajntrob, ainsi qu’une de ses belles-sœurs, Mme Warsagier. Cachées dans une petite pièce de l’appartement, elles vivent dans la peur. Marie-Magdeleine Giraudier prend alors d’immenses risques. Son logement sert de lieu de passage avant que soient trouvées des solutions plus sûres et durables. Par exemple, elle parvient, grâce à une infirmière, à trouver un abri pour Mme Warsagier et son mari.
À l’été 1944, les Allemands commencent à fouiller les maisons une à une pour rechercher les Juifs encore présents à Romans. Marie-Magdeleine fait alors placer trois enfants juifs, Jeannette, 14 ans, et son frère Gabriel, 16 ans et leur petit cousin, dans la maison d’un membre de son réseau, Mme Monnier, institutrice à la retraite, au 11 rue Mathieu-de-la-Drôme.
Jeannette fréquente l’école sous sa véritable identité, mais la situation se complique lorsqu’elle souhaite passer le certificat d’études primaires, car elle doit fournir un acte de naissance. Mlle Giraudier s’occupe de tout arranger : le nom de Jeannette est volontairement retiré de la liste des admis afin de ne pas attirer l’attention.
L’une des enfants cachées racontera, après la guerre, qu’au printemps 1944, elle avait remarqué que Mme Giraudier quittait son domicile très tôt, contrairement à ses habitudes, et ne rentrait que tard le soir. Ce n’est qu’à la Libération qu’elle apprend que l’une des protégées de Marie-Magdeleine avait contracté une méningite. Les paysans qui l’hébergeaient étaient incapables de s’en occuper. Marie-Magdeleine l’avait alors récupérée et soignée elle-même jusqu’à ce qu’elle soit hors de danger. Elle déclara plus tard :
« J’ai pris 200 enfants juifs, je veux en rendre 200. Je crains d’en rendre seulement 199, car l’un d’eux a eu la méningite. »
Elle agit uniquement par humanité. Après la guerre, elle est élue conseillère municipale à Romans sur la liste communiste. Jeannette Katz reste en contact avec elle pendant de nombreuses années et, après le décès de la vieille dame, continue à fréquenter sa nièce.
Le 14 juillet 1996, Yad Vashem – l’Institut international pour la mémoire de la Shoah – décerne à Marie-Magdeleine Giraudier le titre de Juste parmi les Nations.
Documents annexes
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