Dossier n°7265 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

André Romanet

Année de nomination : 1996
Date de naissance : 19/11/1911
Date de décès : 12/12/1998
Profession : Instituteur, secrétaire de mairie, délégué du Secours National

Simone Romanet

Année de nomination : 1996
Date de naissance : //
Date de décès : 01/04/1989
Profession : Institutrice
    Localisation Ville : Salles-Arbuissonnas-en-Beaujolais (69460)
    Département : Rhône
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    André et Simone Romanet sont instituteurs dans un village du vignoble : Salles-en-Beaujolais (une quarantaine de kilomètre au nord de Lyon). André est aussi le secrétaire de mairie, et fait office de délégué de « Secours National », bureau d’aide sociale créé par Vichy.  Par leurs fonctions d’instituteurs, André et son épouse ont la sympathie et la confiance de la majorité de la population. En avril 1944, les Romanet, proches de la Résistance et ayant plus d’une fois aidé des enfants en danger, sont contactés par Pierrette Salou, au nom de l’OSE. Pierrette est une jeune femme juive convertie au catholicisme. Elle sera aidée par la suite par Geneviève Kantor dont le fils sera d’ailleurs hébergé chez les Romanet. Les deux jeunes femmes vont convoyer les enfants de Lyon où ils sont regroupés momentanément par une communauté catholique Notre Dame de Sion jusqu’à Villefranche-sur-Saône où André les récupère. Il en est de même pour les enfants parisiens, convoyés de Paris à Lyon dans la même communauté.

    André et Simone acceptent de faire partie de la filière de sauvetage des enfants juifs que dirige l’archevêché de Lyon. André Romanet dira dans son témoignage :
    « Il nous était insupportable de voir des gens rejetés et massacrés non pour ce qu’ils auraient pu faire, mais pour ce qu’ils étaient : juifs, tziganes ou autres. Il nous était encore plus insupportable qu’on puisse tuer des enfants alors qu’ils étaient tout notre souci, pour nous, instituteurs. »

    A partir d’avril 1943, trois ou quatre enfants, convoyés par des résistants de Lyon, arrivent ainsi chaque semaine au village.  Il va de soi qu’à cette époque il ne pouvait pas avoir de traces écrites des placements des enfants, il fallait aussi retenir leurs noms réels et ceux d’emprunts de même que le nom des familles d’accueil. Il faut s’occuper d’eux, leur fournir des faux papiers, des cartes d’alimentation… André Romanet en tant que secrétaire de mairie dérobe de temps en temps dans le stock de la mairie des cartes vierges. Ce n’était pas sans risque car la comptabilité était stricte et le contrôleur était collaborateur et ouvertement antisémite.

    André et Simone accueillent donc les enfants et les conduisent à bicyclette chez des paysans modestes des environs qui ont accepté de les héberger moyennant une petite pension – environ dix francs de l’époque. Parfois les enfants passent plusieurs jours chez les Romanet en attendant qu’on leur trouve une famille d’accueil. André Romanet garde ensuite le contact avec les enfants et vérifie, en venant payer leur pension, qu’ils soient bien traités. Il place ainsi une soixantaine d’enfants, au mépris du danger que cette activité lui fait courir.

    A part à quelques familles où André dévoile le vrai nom des enfants pour les autres il les présente comme des enfants de villes bombardées et accueillis par le Secours national.

    Samuel Nahum, Jacques Tchoukriel, 11 ans, et sa sœur Arlette, 4 ans, Suzanne Copperman, 7 ans et son frère Ernest, 9 ans, sont parmi ceux qui doivent la vie aux Romanet. Pour les enfants Copperman, André Romanet leur a trouvé des refuges à Salles-en-Beaujolais, sous un nom d’emprunt « Vermorel ». Ernest et sa sœur ont été cachés séparément chez les Chignier et chez les Tomatis.

    Lyon est libéré le 2 septembre 1944, quelques jours plus tard André est convoqué par le représentant du général de Gaulle qui avait été mis au courant des activités clandestines des Romanet. Il le charge mais cette fois au grand jour d’organiser l’aide aux enfants de la région (enfants de fusillés, de déportés, de prisonniers et de tous les enfants qui avaient pu souffrir de la guerre)

    Après la Libération, André et Simone Romanet fondent un orphelinat pour les centaines d’enfants réfugiés dans la région dont les parents ont disparu. André Romanet, devient professeur de pédagogie à l’université de Nanterre, et déclare plus tard : « Au moment où le monde entier semble oublier tout idéal humain, où la violence succède à la haine et engendre des haines nouvelles, il me semble qu’il est plus que jamais nécessaire de croire aux liens entre tous les hommes dans l’incommensurable richesse de leur diversité. »

    Le 8 septembre 1996, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à André Romanet et à sa femme Simone, le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Invitation cérémonieInvitation cérémonie
    Article de presse - La gazette des communes 01/1998Article de presse – La gazette des communes 01/1998

     




    Mis à jour il y a 11 mois.