Dossier n°7425 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Claudius Couturier

Année de nomination : 1997
Date de naissance : 23/12/1912
Date de décès : 17/04/2003
Profession : Cultivateur

Denise (Berthelier) Couturier

Année de nomination : 1997
Date de naissance : 06/11/1921
Date de décès : 14/06/1979
Profession : Cultivatrice
    Localisation Ville : Meaux-la-Montagne (69550)
    Département : Rhône
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Claudius Couturier et sa femme Denise ont une modeste ferme à Gondras, un hameau comptant en tout quatre fermes, située près de Meaux la Montagne (Rhône). En 1941 ils prennent en pension un garçon juif de dix ans, David Avizar. La famille de l’enfant habite le faubourg ouvrier de Saint-Fons, près de Lyon, peuplé en majorité de Juifs marocains recrutés dans les années 20 par de grosses entreprises comme Rhône-Poulenc ou Saint-Gobain qui manquent de main-d’œuvre. Après la défaite de la France en juin 1940 et le rationnement des produits alimentaires, les œuvres sociales des grandes sociétés s’emploient, avec le soutien du maire de la commune, à placer les enfants de ces familles chez des paysans des environs. Il s’agit en principe de leur assurer une meilleure nourriture. Mais certains fermiers dont les fils sont prisonniers de guerre en Allemagne, voient en eux une main d’œuvre à bon marché et les traitent très durement. Ils ne les envoient pas à l’école comme ils s’y étaient engagés. Tel est le sort de David Avizar avant sa venue chez les Couturier. Escorté par des assistantes sociales, il arrive à Gondras en juin 1940 avec son jeune frère, ses deux sœurs et plusieurs autres enfants de Saint-Fons. Un grand nombre de paysans de la région sont venus attendre sur la grande place du village. Chacun reçoit un ou deux enfants. David se retrouve dans une ferme dont les propriétaires l’accablent de travail et lui infligent un régime de famine. Transféré dans une autre ferme, puis une troisième, son sort ne s’améliore guère.

    En 1941 il est placé chez les Couturier, où, comme il en témoigne après la guerre : « Pour la première fois de ma vie j’ai senti que l’on me respectait et me prodiguait de l’affection. Couturier m’a appris le métier d’agriculteur. Grâce à lui, j’ai acquis de l’assurance et de l’amour-propre. »

    A l’été 1942, des gendarmes français commencent à arrêter des Juifs dans le sud de la France. Claudius Couturier protège David, lui explique que faire en cas de danger et lui montre où se cacher. Désormais, jusqu’à la Libération, chaque fois que des gendarmes se présentent, David se blottit dans une cachette à proximité. En 1946 David Avizar part en Palestine. Il reprend plus tard contact avec ses sauveurs. Chaque année il effectue une visite-pèlerinage à la ferme de Gondras.

    Le 9 décembre 1997, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Claudius et Denise Couturier le titre de Juste parmi les Nations.