Dossier n°7841A - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 1997

Philippe Tête

Année de nomination : 1997
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Epicier

Yvonne Tête

Année de nomination : 1997
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Epicière
    Localisation Ville : Aurillac (15000)
    Département : Cantal
    Région : Auvergne-Rhône-Alpes

    L'histoire

    Philippe et Yvonne Tête avait une épicerie à Aurillac (Cantal). Vers la fin du mois de mars 1944 ils apprirent que des enfants évacués de Marseille à cause des risques de bombardement naval se trouvaient à l’hôpital de la ville, en attendant qu’on leur trouve des familles d’accueil. L’opération avait été organisée par les écoles. Philippe et Yvonne ramenèrent chez eux Robert Mizrahi, 13 ans, qui leur avait dit tout de suite qu’il était juif. Ses parents avaient été arrêtés une semaine auparavant à Marseille. Son petit frère Edmond, huit ans, venait d’être recueilli par les Laybros (q.v.). Philippe et Yvonne s’occupèrent de Robert avec dévouement ; lorsqu’il dut être opéré de l’appendicite, ils lui choisirent un bon hôpital et s’assurèrent qu’il était bien soigné. Robert demeura encore chez eux après la Libération. Lorsqu’il fallut abandonner tout espoir de voir revenir ses parents, sa grand-mère, qui avait alors soixante-dix ans, adopta les deux orphelins. Robert n’en resta pas moins en relations, de longues années durant, avec les enfants de ses sauveteurs.

    Le 5 novembre 1997, Yad Vashem a décerné à Philippe et Yvonne Tête le titre de Juste parmi les Nations. 

    Le témoignage

    Philippe et Yvonne Tête source photo : Inconnu crédit photo : D.R
    La famille Mizrahi habite à Marseille, le quartier d’Endoume.
    En 1944, Robert Mizrahi a treize ans et son frère Edmond Haïm en a huit.
    « En janvier 1943, lors de la grande rafle de l’Opéra et du centre-ville, 781 juifs – hommes, femmes, enfants, vieillards – ont été déportés et exterminés au camp de Sobibor. Mon cousin Victor Algazy et sa mère ont été sauvés par un commissaire de police. 
    Mes parents étaient conscients du danger. Madame Bertrand, notre voisine, avait dit à ma mère : « Estelle, prenez les clés de notre maison d’Uzès. Là-bas vous serez plus en sécurité ». 
    Mais je devais être opéré de l’appendicite et ma mère a préféré attendre… »
    « Le 20 mars 1944, vers midi et demi, nous étions à table. On a sonné à la porte. Ma mère a ouvert. Trois jeunes hommes étaient dans l’entrée de l’immeuble, une liste à la main. Ils ont crié le nom de ma grand-mère et de ma tante.
    « Ce n’est pas ici » a répondu ma mère.
    Puis le nôtre : « Mizrahi ? ». « C’est ici ». 
    Alors, celui qui avait parlé a sorti un pistolet de sa veste et il est entré dans l’appartement avec un de ses acolytes en criant : « Gestapo française ! ». 
    Nous habitions à l’étage, la famille Bertrand au rez-de-chaussée. Ce jour-là, Paulette Bertrand*, qui avait vingt ans et travaillait en ville, était rentrée déjeuner chez ses parents, exceptionnellement. Elle a entendu du bruit, s’est précipitée dans l’escalier, a écarté mes parents, nous a attrapés mon frère et moi par la main en nous disant : « Venez vite manger, maman vous attend, ne restez pas là ». Et elle nous a emmenés au nez et à la barbe de ces voyous qui n’ont pas bronché.
    Nous sommes descendus. Madame Bertrand et Paulette* nous ont fait partir par la fenêtre et nous ont dit : « Allez chez René et Gaby, restez là-bas et ne bougez plus ». Le fils Bertrand et sa femme habitaient 500 mètres plus bas. 
    Nous avons couru, sonné et expliqué à René et Gaby, qui était enceinte, ce qui s’était passé.
    Un moment après, à travers les volets entrouverts, nous avons vu passer la Traction Avant noire qui emportait nos parents. Nous ne les avons jamais revus… 
    » 

    Arrêtés, Marcel et Estella Mizrahi sont internés à Drancy puis déportés.

    Le 23 mars, Robert et son frère Edmond sont évacués vers Aurillac avec les autres élèves des écoles municipales, dans le cadre d’un plan contre d’éventuels bombardements et y restent trois jours qu’Edmond qualifiera des « trois jours qui furent les pus longs de ma vie ».

    Antoine et Henriette Laybros avaient une fabrique de peinture à Aurillac. Henriette Laybros, qui a alors 22 ans, se rend à l’hôpital d’Aurillacet ramène Edmond Haïm Mizrahi, qui a 8 ans. En chemin il lui dit qu’il est Juif, que ses parents ont été arrêtés à Marseille et que son cousinGaston Menassé est resté à l’hôpital, n’ayant pas trouvé de famille d’accueil. 
    Antoine décide alors de recueillir également Gaston et va le chercher lui-même.
    « Pour éviter toute suspicion, ils nous ont demandé d’aller à la messe le dimanche. » se souvient Edmond.
    Après la guerre, Gaston retrouva ses parents, mais Edmond demeura chez les Laybros jusqu’en septembre 1945.

    Philippe et Yvonne Tête, avaient une épicerie à Aurillac. Vers la fin mars 1944, ils apprennent que des enfants évacués de Marseille se trouvent à l’hôpital en attente de familles d’accueil. Ils ramènent chez eux Robert Mizrahi, qui leur dit tout de suite qu’il est Juif, que ses parents ont été arrêtés une semaine avant et que son petit frère, Edmond vient d’être recueillis par les Laybros. 
    Robert restera chez Philippe et Yvonne Tête jusqu’en septembre 1945 et restera en relation avec ses sauveurs de longues années durant.

    Les enfants restent dans les familles qui les ont accueillis jusqu’en septembre 1945. De retour dans l’appartement familial, avec leur grand-mère âgée de 71 ans, pendant des mois ils attendront…
    « Fin 46, nous avions la quasi certitude que nos parents ne reviendraient pas. Ma grand-mère, elle, a espéré jusqu’au bout. Je la revois, quand je rentrais le soir, assise devant la fenêtre… » 
    Robert et Edmond apprendront plus tard que Marcel est mort à Auschwitz et Estella à Bergen-Belsen, quatre jours avant la libération du camp par les Anglais.

    Documents annexes

    Aucun document

    Articles annexes