Dossier n°796 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Marie-Antoinette Goût

Année de nomination : 1973
Date de naissance : 14/05/1906
Date de décès : 16/05/1986
Profession : Infirmière
    Localisation Ville : Epinal (88000)
    Département : Vosges
    Région : Grand-Est

    L'histoire

    Marie-Antoinette Gout est infirmière à Épinal dans les Vosges, en zone occupée par les Allemands. Elle appartient à un réseau de résistance dans le dispensaire où elle travaille. Les dirigeants de la communauté juive savent qu’elle est toujours prête à aider les Juifs en détresse. En 1942, lorsque la situation des Juifs d’Épinal devient critique, où le nombre de rafles et de déportations augmente, Mme Hecker vient lui demander de faire passer clandestinement ses deux filles, Norah, 16 ans, et Josette, 18 ans, en zone libre. Marie-Antoinette leur procure alors de faux-papiers ainsi qu’à cinq autres jeunes Juifs. La technique qu’elle adopte pour leur faire franchir la ligne de démarcation est simple : officiellement, elle convoie elle-même un groupe de tuberculeux, partant en convalescence dans les Alpes. Aussi explique-t-elle soigneusement à ses protégés comment se comporter. Pour ne pas attirer l’attention, Josette et Norah s’habillent de façon à avoir l’air de gamines. La police allemande procède à des inspections méticuleuses dans le train qui conduit les fugitifs d’Épinal à Lyon et notamment au passage de la ligne de démarcation. Mais les Allemands ne restent pas inactifs, quand ils le peuvent ils utilisent des indicateurs qui infiltrent ces chaînes d’évasion afin de les dénoncer. Marie-Antoinette Gout courre elle-même un terrible danger à chaque voyage. Heureusement, grâce à sa présence apaisante, les enfants restent calmes jusqu’à leur arrivée à Lyon, où ils sont attendus pour être conduits chez des parents. Deux filles de Mme Dreyfus, veuve du président de la communauté juive d’Épinal, se trouvent dans ce petit groupe, Régine et Simone Banda. Dans son témoignage après la guerre, Mme Dreyfus ne tarira pas d’éloges sur le courage et le dévouement de Marie-Antoinette Gout.  Au mois d’août 1942, les Allemands réussissent à démanteler le réseau du dispensaire. Dénoncée par un mouchard, l’infirmière, qui appartient à la Résistance, est arrêtée par les Allemands et incarcérée d’abord à la prison de la Vierge puis à Charles III à Nancy. Elle sera pour un temps relâché avec ses collègues qui avaient été elles-aussi arrêtées. Mais l’étau se resserre autour de la résistance Vosgienne. Elle est de nouveau arrêtée et déportée au camp de concentration de Ravensbrück. Elle parvient à tenir bon jusqu’à la Libération. A son retour en France, elle déclare avoir agi uniquement par patriotisme et pour des raisons humanitaires.

    Le 3 mai 1973, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah,  a décerné à Marie-Antoinette Gout le titre de Juste parmi les Nations.

    Documents annexes

    Article de presse - Les cahiers de la résistance Vosgienne de 1983Article de presse – Les cahiers de la résistance Vosgienne de 1983