Dossier n°8475 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Elie Armengaud

Année de nomination : 1999
Date de naissance : 23/03/1902
Date de décès : 01/11/1999
Profession : Patron & Dirigeant d’une société coopérative de miroiterie
    Localisation Ville : Toulouse (31000)
    Département : Haute-Garonne
    Région : Occitanie

    L'histoire

    A la tête d’une société coopérative de miroiterie, Elie Armengaud vit à Toulouse avec son épouse Anna et leurs six enfants. Sur la recommandation d’un ami, il embauche en 1940, après la débâcle, un comptable, Jacques Greilsammer, juif alsacien qui est démobilisé depuis peu à Toulouse. Sa femme Marcelle et sa fille Jocelyne, 9 ans, ainsi que d’autres parents restent cependant vivre à Paris XI.

    En 1941, Jocelyne contracte une pleurésie et le docteur préconise un changement d’air, alors avec sa mère et sa grand-mère (Jeanne Bénédic), elles partent s’installer à Montargis dans le Loiret où des parents habitent déjà. Jacques prend alors de gros risques en traversant la ligne de démarcation pour venir voir sa fille. Marcelle qui sait que les Allemands occupent les appartements libres à Paris, retourne vivre dans le sien. Jocelyne vit donc avec sa grand-mère, et va même à l’école. Une jeune institutrice propose d’emmener Jocelyne à Paris en la faisant passer pour sa fille et c’est ainsi qu’elle rejoint sa mère à Paris. Mais deux jours après son arrivée, elle apprend que sa grand-mère avait été arrêtée et déportée à l’Est le 7 mars 1944. Elle meurt à Auschwitz.

    C’est alors qu’Elie Armengaud, membre d’un réseau de la Résistance, et patron de Jacques, envoie à Paris son contremaître, pour qu’il rapatrie à Toulouse l’épouse et la fille de Jacques Greilsammer, après leur avoir fait franchir la ligne de démarcation.

    Puis il décide d’envoyer son épouse Anna et ses enfants vivre dans leur maison secondaire à la campagne afin de pouvoir héberger la famille Greilsammer dans leur appartement familial toulousain jusqu’à la libération en août 1944. L’appartement est à l’étage de la fabrique, Elie installe un bouton de sécurité sous son bureau afin de pouvoir si le danger se présente, faire retentir la sonnerie pour prévenir la famille Greilsammer qui doit alors soulever une trappe cachée sous la sciure et les vieux encadrements qui mène à une cave.

    Elie Armengaud a pris de gros risques en hébergeant pendant 17 mois une famille juive. C’est grâce à sa générosité que Jocelyne et ses parents ont pu survivre.

    Le 3 mai 1999, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Elie Armengaud, le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    Jacques Greisalmmer, juif alsacien, demeurait à Paris avec sa femme Marcelle, née Béédic, la mère de celle-ci originaire de Metz et sa fille Jocelyne. Mobilisé en 1940, il trouva un emploi dans la comptabilité après sa démobilisation chez Elie Armengaud, miroitier à Toulouse 6, rue Kléber.
    Après l’arrestation de sa mère qui fut déportée, Madame Greisalmmer, restée à Paris, téléphona à son mari à Toulouse. Prévenu du danger, Elie Armengaud envoya aussitôt son contremaître la chercher ainsi que sa fille Jocelyne pour leur faire passer la ligne de démarcation. Elie Armengaud se sépara alors de sa femme et de ses six enfants, qu’il envoya dans une résidence secondaire et accueillit la famille Greisalmmer dans son appartement à Toulouse, où les trois personnes demeurèrent jusqu’à la Libération. Il refusa toujours de percevoir un centime pour le loyer. Il était tout à fait conscient des risques qu’il prenait, car des amis étaient venus lui dire que les Allemands fusillaient ceux qui cachaient des juifs ; ce à quoi il donnait cette réponse :  » Eh bien tant pis ! Ils me fusilleront « .




    Mis à jour il y a 3 mois.