Les Justes
Marguerite (Clémençon) Dupraz
Année de nomination : 1999Date de naissance : 24/01/1898
Date de décès : 03/11/1952
Profession : Bouchère
Département : Rhône
Région : Auvergne-Rhône-Alpes
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
Veuve et mère d’une fille, Arlette, âgée de 20 ans en 1942, Marguerite Dupraz avait ouvert une boucherie à Villeurbanne (Rhône). Parmi ses clients, un réfugié juif polonais, David Stolak, n’achetait que sa seule ration. Arrivé à Villeurbanne en mai 1942 après avoir été alerté par le commissaire de police de son quartier, il avait fui Paris, y laissant sa femme et leurs quatre enfants. Mais le 16 juillet 1942, tous les cinq furent raflés, y compris la petite Janine Stolak, 2 ans. Le même commissaire de police, du commissariat de la rue de Bretagne, ordonna de les relâcher. La mère, Brajna, se mit aussitôt à préparer fiévreusement un plan pour rejoindre Villeurbanne avec ses enfants. Le 12 septembre, sa fille Marjem, 13 ans, fut convoyée en train jusqu’à Chalon-sur-Saône, d’où une jeune femme la conduisit sur le porte-bagages de sa bicyclette jusqu’en zone sud. La petite adolescente gagna seule Villeurbanne. Le lendemain arrivèrent à Chalon-sur-Saône Brajna Stolak et ses enfants Jacob, 14 ans, Sarah, 11 ans et Janine. Sarah emprunta sans encombre la même voie que sa sœur aînée et rejoignit son père. Quant au reste de la famille, après avoir vainement attendu le passeur engagé pour les guider, tous trois se retrouvèrent à la prison de Chalon. Jacob et sa mère, internés à Drancy puis déportés à Auschwitz furent assassinés. Mais une infirmière avait réussi à faire admettre la petite Janine à l’hôpital Saint-Laurent. Accablé de détresse, David Stolak se confia à sa bouchère. Marguerite Dupraz, avec un à-propos, un courage et une efficacité hors pair, prit les initiatives qui s’imposaient pour secourir ces enfants qu’elle ne connaissait pas encore. Une camarade de sa fille Arlette, employée à la Croix-Rouge, se mit en route et amena à Villeurbanne le bébé Janine. Marguerite décida, malgré les risques, de la prendre en charge. Marjem et Sarah furent placées par ses soins à l’institution Sainte-Jeanne d’Arc dans l’Isère, où sa propre fille Arlette avait fait ses études. Pendant ce temps, David Stolak vivait caché à Villeurbanne. Marguerite Dupraz s’attacha de tout son coeur à la petite Janine. « Elle disait à tout le monde que j’étais sa fille », a écrit cette dernière, « elle me tricotait de jolies robes et me faisait porter une médaille en or de la Sainte Vierge pour me protéger. Quand je pense à Maman, c’est à Mme Dupraz que je pense, car c’est très triste, mais je n’ai aucun souvenir de ma vraie mère ». Après la Libération, Marguerite mit sa boucherie en gérance et partit à Paris avec les Stolak qu’elle avait sauvés. David mourut d’un cancer en 1945 et elle devint la tutrice des trois filles survivantes. « Elle voulait qu’on se sente en famille et non pas orphelines », a encore écrit Janine.
Le 2 septembre 1999, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Marguerite Dupraz, le titre de Juste parmi les Nations.
Documents annexes
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