Dossier n°8922 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2000

Marie (Labedays) Bellocq

Année de nomination : 2000
Date de naissance : 12/02/1909
Date de décès : //
Profession : Directrice d’école

Pierre Bellocq

Année de nomination : 2000
Date de naissance : 14/07/1905
Date de décès : 18/06/1982
Profession : Instituteur

Albert Labedays

Année de nomination : 2000
Date de naissance : 04/11/1898
Date de décès : 28/11/1944
Profession : Menuisier

Sidonie (Chathalinat) Labedays

Année de nomination : 2000
Date de naissance : 08/09/1885
Date de décès : 06/08/1958
Profession : Couturière
    Localisation Ville : Nay (64800)
    Département : Pyrénées-Atlantiques
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Marie et Pierre Bellocq vivent à Nay. 
    Marie est la directrice de l’école maternelle de Nay et son mari Pierre, instituteur à l’école des garçons, a intégré le réseau local de résistance Combat à l’insu de son épouse en 1942. Il a en charge le noyautage des administrations publiques sur le village.

    Vitalis Farhi était né à Izmir (Turquie) et était arrivé en France en 1925. Marié, il habitait avec sa famille à Paris, Cité Trévise.
    Les Farhi avaient quitté Paris à la fin de l’année 1941, après les premières rafles. Ils se dirigent vers les Basses-Pyrénées où de nombreux Juifs originaires de Turquie et de Grèce sont réfugiés. Roger a 7 ans, Henri a 5 ans.
    Ils parviennent à passer la ligne de démarcation, se dirigent vers Pau et arrivent à Nay où ils resteront jusqu’en juin 1944.
    Ils s’adaptent vite et comprennent facilement le patois béarnais proche de leur langue, le Djudezmo (dialecte issu de l’espagnol du xve siècle).
    Les Algazi rejoignent les Farhi à Nay. Eux aussi seront bien accueillis par les habitants du village.

    C’est ainsi que vivent à Nay plusieurs familles originaires d’Izmir, d’Aïdin et d’Istambul, les Farhi, les Algazi, les Lévy, Maurice et Albert. 
    La Turquie n’étant pas en guerre contre l’Allemagne, les ressortissants turques ne pouvait faire l’objet d’arrestation. Mais Vitalis Farhi était muni d’un passeport Nansen (certificat reconnu par de nombreux gouvernements permettant à des milliers de réfugiés apatrides de voyager. Il a été créé le 5 juillet 1922 à l’initiative de Fridtjof Nansen, premier Haut-commissaire pour les réfugiés de la Société des Nations, via l’Office international Nansen pour les réfugiés).

    Les Farhi louent un petit appartement au dessus de la boulangerie du village et le père, Vitalis Farhi trouve un emploi chez un paysan du village, Jean Matocq Grabot.

    Henri Farhi fréquente l’école maternelle dirigée par Marie et Roger Farhi et Gérard Algazi à l’école communale des garçons dont l’instituteur est Pierre Bellocq.

    Vitalis Fahri est arrêté une première fois en novembre 1941 et interné au camp de Gurs. 
    Sur l’intervention de Pierre Bellocq et en tant que ressortissant Turc, il sera libéré le 15 janvier 1942.

    Vitalis est de nouveau arrêté arrêté par les gendarmes de Nays et interné Gurs le 27 février 1943.
    Il n’y restera que quelques semaines, à nouveau grâce à l’intervention de Pierre Bellocq et en tant que ressortissant Turc.

    A compter de sa libération, Vitalis quitte clandestinement son employeur et se cache.
    Mais il s’agit aussi de mettre les enfants à l’abri.
    Marie et Pierre Bellocq proposent ainsi de cacher Henri et Roger Farhi chez les parents de Marie.
    Marie emmène Roger et Henri Farhi dans la ferme de ses parents, André et Sidonie-Marie Labedays, à Boeil-Bezing.

    Les Bellocq cachent également Mme Algazi et son fils Gérard chez des amis à eux.

    Au printemps 1944, alors que les gendarmes devaient arrêter six Juifs, ils se rendirent au café du village pour boire un verre et converser avec le patron, laissant négligemment la liste des arrestations prévues le lendemain matin sur le comptoir.
    Aucune arrestation n’eut lieu. Les six Juifs avaient « disparus » du village, aidés une fois de plus par Pierre Bellocq* qui leur trouve des abris sûrs.

    Gérard Algazi témoigne : « De nombreux français ont aidé des juifs pendant la guerre, certains contre de l’argent, ce fut le cas du passeur qui nous a fait traverser la ligne de démarcation, mais d’autres par simple humanité comme Marie et Pierre Bellocq qui non seulement aidaient les familles juives installées à Nay mais encore cachaient leurs bijoux dans le tiroir du buffet ».

    Maurice Lévy se fera appeler Maurice Denailles après la guerre, en souvenir de son séjour à Nay.

    Roger et Henri Farhi et Gérard Algazi sont retournés à Nay et ont retrouvé « leur » village où ils avaient été accueillis et protégés par tous les habitants.

    Le 18 avril 2000, Yad Vashem a décerné à Marie et Pierre Bellocq ainsi que Sidonie-Marie et Albert Labédays le titre de Juste des Nations.

    Documents annexes

    Article de presse - Sud Ouest du 06/11/2000Article de presse – Sud Ouest du 06/11/2000
    2 octobre 2019 06:22:25
    Article de presse - Sud Ouest du 06/11/2000Article de presse – Sud Ouest du 06/11/2000
    2 octobre 2019 06:22:21
    Article de presse - Pyrénées presse du 06/11/2000Article de presse – Pyrénées presse du 06/11/2000
    2 octobre 2019 06:20:41

    Articles annexes