Dossier n°9042 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Marie-Louise (De Tommaso) Carven

Année de nomination : 2000
Date de naissance : 31/08/1909
Date de décès : 08/06/2015
Profession : Créatrice de Haute Couture
    Localisation Ville : Paris (75001)
    Département : Paris
    Région : Ile-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

    En 1941, Marie-Louise Carven ouvre son premier magasin de haute couture dans le 1er arrondissement de Paris, à l’angle de la rue d’Argenteuil et de la rue des Pyramides. Malgré les lois d’exclusion de Vichy, elle continue à employer Henry Moïse Bricianer, juif roumain naturalisé français en 1926, dont les parents avaient fui les pogroms qui ravageaient l’Ukraine. Orphelin à l’âge de 2 ans, il est placé en apprentissage à 11 ans pour apprendre le métier de couturier. À 17 ans, pour fuir son incorporation dans l’armée, où l’antisémitisme est très virulent, il déserte. Il envisage alors d’émigrer aux États-Unis, mais sa fascination pour la capitale de la mode et de la couture le pousse à rester ; il ouvre son premier magasin de couture en 1910, rue Jean Mermoz. Lors de la Première Guerre mondiale, il part aux États-Unis chez sa sœur, avant de revenir à Paris où il fonde une famille. Il est naturalisé français à la demande de son beau-père le 30 décembre 1926. Les affaires sont prospères, mais après la crise de 1929, la situation se détériore peu à peu. Il a cinq enfants, tous nés à Paris : Serge, né en 1923, Francis en 1924, Jacqueline en 1927, Nicole en 1930 et Philippe en 1934.

    Dès janvier 1941, ne pouvant plus avoir de contact direct avec une clientèle en raison des lois raciales, Henry travaille comme apiéceur à son domicile, au 8 rue de l’Échelle, dans le 1er arrondissement de Paris, juste en face de l’Hôtel Normandy, quartier général des soldats allemands. Il y travaille avec son épouse pour divers fournisseurs, dont Marie-Louise Carven, en raison de l’aryanisation de son magasin. Régina est contrainte de déclarer toute la famille comme juive au commissariat de la rue des Bons-Enfants. En raison de leur nationalité française, la famille Bricianer, avec ses cinq enfants, pense être protégée des déportations. Cependant, tous, sans exception, porteront l’étoile jaune. Comme tous les juifs français, ils vivent l’Occupation et se soumettent aux diverses réglementations, subissant brimades et privations.

    Mais en octobre 1943, Ernestine Edwabski, la mère de Régina Bricianer, est arrêtée par la milice à Nice, puis transférée à Drancy. Elle sera déportée par le convoi n°60 à Auschwitz.

    À la suite de cette arrestation, deux policiers français se présentent le 17 novembre 1943 au domicile des Bricianer avec un mandat d’arrêt, pour les transférer à Drancy. Ils déclarent être envoyés par le Centre, place des Saussaies. Régina souhaite se rendre très vite à Drancy pour voir sa mère – dont elle ignore encore qu’elle a déjà été déportée – ainsi que son frère, mais l’un des policiers français l’en dissuade en lui disant que si elle s’y rend, elle n’en reviendra pas. Les policiers leur laissent un délai de 48 heures, promettant de revenir les chercher le lendemain, et les incitent donc à quitter au plus vite l’appartement. Les Allemands reviendront effectivement le lendemain et voleront tout. Un ami de Henry, rencontré providentiellement, leur établit alors de faux papiers d’identité au nom de Leclerc, ce qui leur permet de subsister jusqu’à la Libération.

    Henry Bricianer s’adresse aussi à Marie-Louise Carven. Cette dernière lui propose de le cacher dans une chambre de bonne au 6e étage de l’immeuble où se trouve son magasin, d’où il peut continuer à travailler pour nourrir les membres de sa famille, tous éparpillés pour plus de sécurité. Marie-Louise Carven organise également l’hébergement de quatre autres membres de la famille Bricianer chez ses proches. Elle s’adresse d’abord à sa mère, Mme Thomazo, qui accueille Jacqueline, l’une des filles Bricianer. Mme Thomazo remplit volontiers sa mission de protectrice durant plusieurs mois, aidée de Mme Boyriven, une tante. Régina, son fils Philippe et sa fille Nicole sont également cachés plusieurs mois chez l’un des oncles de Marie-Louise, qui habite au 24 rue Le Marois, dans le 16e arrondissement de Paris.

    L’obstination de Marie-Louise Carven à cacher Henry Bricianer et à mobiliser, en ces temps de détresse, plusieurs membres de sa propre famille pour loger quatre personnes juives est à l’origine de ce sauvetage.

     

    Le 13 août 2000, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah – a décerné à Marie-Louise Carven le titre de Juste parmi les Nations

     

     

    Documents annexes

    Article de presse - Liaisons N°19 septembre 2001Article de presse – Liaisons N°19 septembre 2001
    ArticleArticle

    Articles annexes

    Les médias externes :







    Mis à jour il y a 1 semaine.