Dossier n°9074 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Etienne Arnaud

Année de nomination : 2000
Date de naissance : 26/12/1894
Date de décès : 03/08/1975
Profession : Maire, Industriel (Directeur d’une tannerie)
    Localisation Ville : Belgentier (83210)
    Département : Var
    Région : Provence-Alpes-Côte d’Azur

    L'histoire

    Étienne Arnaud, industriel de profession, se rendait souvent à la minoterie de Mathieu Béja, située au village de Solliès Pont (Var). Ces rencontres, à l’occasion d’achats de farine ou de dérivés céréaliers, dataient d’avant-guerre, et prirent bientôt un caractère plus politique, surtout après l’invasion allemande de la zone sud, en novembre 1942. Début 1943, Mathieu Béja, sa  femme Nadia et leurs 2 garçons, Albert et Georges, furent obligés de fuir leur domicile de Solliès pour se cacher, du fait de leur origine juive et du soutien affiché de Mathieu au Général de Gaulle et à la France Libre. Un ami de la famille Béja leur proposa de loger dans une petite maison isolée, en pleine forêt, au pied d’une barre rocheuse appelée « Les Escavalins », située dans la commune de Belgentier. Maire de Belgentier, Étienne Arnaud inscrivit les membres de la famille sur le registre des habitants du village, sous un faux nom. La famille Béja put ainsi bénéficier de tickets de ravitaillement et se procurer de la nourriture. A plusieurs occasions, au cours d’enquêtes sur la famille menées par les autorités, Étienne Arnaud, ainsi que son secrétaire de mairie, les protégèrent, ne dévoilant rien de l’identité des nouveaux habitants de la commune. Étienne Arnaud donna ainsi l’exemple à toute la population du village qui sut garder le silence et venir en aide aux réfugiés juifs. Les témoignages de ces derniers reflètent la gratitude qu’ils ressentent après plus de 50 ans à l’égard des villageois pour leur soutien chaleureux et leur vinrent en aide, pendant plus d’un an, jusqu’à la Libération. La demande d’attribution de la médaille des Justes parmi les Nations à Étienne Arnaud, qui, au péril de sa vie, a protégé les 4 membres de la famille Béja, reflète cette reconnaissance.

     Le 11 octobre 2000, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Étienne Arnaud, le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage
    Etienne Arnaud, âgé de 50 ans au moment des faits et maire de Belgentier, un petit village situé dans le Var, décide d’inscrire ses administrés d’origine juive, les époux Nadja et leurs deux fils, sous de faux noms sur ses registres d’Etat Civil à partir de l’été 1943, et ce jusqu’en août 1944, ce qui leur donna droit aux tickets de rationnement. Les Nadja furent aussitôt cachés sur le territoire de la commune par un autre de ses concitoyens dans une ferme isolée, située sur une colline en pleine forêt, une année durant. 
    C’est là que le courageux maire et ses habitants tout aussi frondeurs, qui jamais n’acceptèrent l’occupation ennemie et adoptèrent en bloc le comportement héroïque de leur maire face à la fureur nazie, venaient leur apporter nourriture, vêtements, chaussures, et même des livres pour les garçons, qui descendaient parfois au village rendre visite à leurs bienfaiteurs, et pour écouter la BBC.
    Jamais la Gestapo, qui les recherchait et vint interroger à plusieurs reprises leur maire pour connaître leur sort, ne sut ce qu’ils étaient devenus, malgré le danger encouru. 

     Documents annexes

    Biographie d’un Belgentiérois
     Invitation cérémonie
    Article de presse – Var matin du 23/05/2000
    Article de presse du 04/08/1982



    Mis à jour il y a 3 mois.