Dossier n°909B - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Marie-Louise Siauve

Année de nomination : 1975
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Enseignante
    Localisation Ville : Lille (59000)
    Département : Nord
    Région : Hauts-de-France

    Personnes sauvées

    Lieu porteur de mémoire

    L'histoire

    Marie-Louise SIAUVE

    Le chanoine Raymond Vancourt, professeur de philosophie et de théologie, vivait à Lille (Nord) avec sa petite-fille Raymonde Lombard. Un soir, vers la fin de l’été 1942, Irène Kahn, jeune femme d’une vingtaine d’années, arriva chez eux. Juive allemande, Irène était venue se réfugier chez des parents, les Ehrlich, qui habitaient Lille. Au début de l’été 1942, elle avait été engagée pour s’occuper des enfants d’une famille catholique en vacances. Le 11 septembre 1942, lors de la grande rafle des Juifs étrangers vivant à Lille, des policiers se présentèrent chez les Ehrlich pour arrêter Irène. Une voisine, Jeanne Pattyn, se déclara prête à aller avertir la jeune femme, qui se trouvait dans la maison de campagne de ses employeurs, et à lui procurer un refuge. Pendant ce temps, Alphonse Pattyn, le mari de Jeanne, fit appel au chanoine qui, bien que ne connaissant pas Irène, accepta de l’héberger. Marie-Louise Siauve, qui avait été son professeur, se dévoua pour aller l’attendre à la gare de Lille et l’accompagner chez Raymond Vancourt. C’est la mine défaite et les traits tirés que la jeune femme arriva dans ce nouveau refuge. Pour lui changer les idées, le chanoine la pria de l’aider à traduire quelques chapitres d’un ouvrage en allemand dont il s’occupait alors. Irène prit aussi avec Raymonde sa part des tâches ménagères et se sentit bientôt à l’aise. Une voisine et amie du prélat, Mlle Leroye, fournit une fausse carte d’identité à la jeune femme. Le chanoine et sa petite-fille couraient pourtant de grands risques. La maison était toujours pleine de visiteurs venus consulter Raymond Vancourt sur des points de droit religieux. En outre, sa résidence servait de lieu de rendez-vous aux membres d’un réseau de Résistance, qui pour la plupart étaient ses étudiants. De surcroît, des Allemands se présentaient parfois pour des contrôles. Le chanoine hébergea néanmoins deux jeunes juives pendant plusieurs semaines, le temps de trouver des couvents prêts à les accueillir. En 1943, lorsque même les Juifs ayant la nationalité française commencèrent à être arrêtés et déportés, le chanoine donna asile à la famille Ehrlich avec ses deux enfants, Claude et Eliane. Cette nuit là, les policiers venus les arrêter repartirent bredouilles. La chasse aux Juifs s’intensifiant, le chanoine expliqua à ses protégés comment, en cas d’urgence, fuir par les caves vers un monastère voisin. Raymond Vancourt, Raymonde Lombard et leurs amis ont sauvé Irène Kahn et les Ehrlich en les hébergeant à titre purement bénévole jusqu’à la Libération.

    Le 23 avril 1975, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné au chanoine Raymond Vancourt, à Raymonde Lombard, à Marie-Louise Siauve, à Mlle Leroye et à Alphonse et Jeanne Pattyn, le titre de Juste parmi les Nations.