Dossier n°9196 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

René Harent

Année de nomination : 2001
Date de naissance : 15/11/1882
Date de décès : 27/06/1972
Profession : Commerçant
    Localisation Ville : Paris (75020)
    Département : Paris
    Région : Ile-de-France

    Lieu de mémoire

    L'histoire

    En 1942, René Harent, commerçant de 60 ans, habitait Paris (20ième). Grand blessé de la Guerre de 1914-1918, il était « un peu communiste et franc-maçon » et se protégeait en affichant des portraits de Pétain. Une branche de sa famille était allemande mais sa femme était juive. Le couple Harent avait pour voisins la famille Patalowski, des émigrés juifs polonais, comme de nombreux habitants du quartier, et leur fils, Norbert Patalowski, alors âgé de 6 ans. L’enfant, un jour attiré par un bouton de porte doré à la hauteur de ses yeux, se mit à sonner et alerta le locataire, René Harent. Depuis cet incident, des liens de voisinage s’étaient liés entre les deux familles. René prit sous sa protection Norbert et sa mère quand, en 1941, son mari fut interné à Beaune-la-Rolande et ensuite déporté à Auschwitz où il périt. Le 16 juillet 1942, au petit matin de la grande rafle, quand les policiers envahirent leur rue, René se précipita chez les Patalowski, enveloppa Norbert endormi dans une couverture et le descendit chez lui. Ce jour-là, 11 autres Juifs pourchassés ainsi que la mère de Norbert trouvèrent refuge chez le couple Harent. René cacha ensuite Norbert et sa mère dans divers endroits jusqu’à ce qu’il réussit à évacuer les deux fugitifs à Villeselve (Oise). Avec son fils au volant d’un véhicule marqué de l’insigne de la Croix Rouge, ils passèrent les barrages de police et se rendirent chez un ami, le Père Maréchal, curé du village. Grâce à ce relais, Norbert fut hébergé par la famille Greffe jusqu’à la fin de la guerre. Sa mère fut employée comme cuisinère par une autre famille. Suspectés de vol de poulets par des voisins, Mr. Greffe, bourrelier respecté dans la région, réussit à dissuader les policiers de les arrêter, leur expliquant qu’ils étaient tout simplement des Juifs cachés. Norbert garda le souvenir de jours heureux passés chez les Greffe où René Harent venait souvent en visite pour s’assurer de leur bien-être.

    Le 18 janvier 2001, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à René Harent le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    Norbert Patalowski est né en Normandie en 1935. Son grand-père, né en Pologne, était professeur d’Histoire à Varsovie. Son père, ingénieur chimiste, avait terminé ses études à l’Université de Caen. En 1940, il s’est engagé comme volontaire dans l’Armée française. A peine démobilisé, il fût arrêté comme juif en 1941 et fût déporté à Auschwitz dans les tout premiers convois. De ses 8 frères et soeurs, mariés, tous furent décimés et personne n’a survécu, il en fut de même du côté de la famille maternelle.

    En 1941, après la déportation de son père, le jeune Norbert, âgé de 6 ans, se retrouva seul avec sa mère à Paris, rue des Panoyaux dans le 20ème.
    .
    M. et Mme Harent habitaient en face de chez eux. Lors de la rafle du 16 juillet 1942, René Harent prend une couverture, traverse la rue, monte chez Madame Patalowski, enroule Norbert dans celle-ci et redescend en trombe, suivi de Madame Patalowski qui croise les policiers venus la chercher à qui elle répond qu’elle est française quand ils lui demandent où elle est née.

    Tous deux sont immédiatement pris en charge par René Harent qui les emmène dans un appartement près de la République. Pour traverser les barrages, René prend appui sur un haut fonctionnaire, possesseur d’une carte tricolore qu’il montre à plusieurs reprises à des gendarmes suspicieux.

    Toujours aidé de cet ami, René Harent est obligé de les déménager plusieurs fois. Pendant de longs mois, Norbert va habiter chez les Harent et leur fils Emmanuel, tandis que sa mère est terrée dans le garage.

    Les choses allant de mal en pis pour les juifs, dans une camionnette de la Croix Rouge, conduite par Emmanuel Harent et son père René, Norbert et sa mère sont convoyés dans l’Oise à Villesle où leur relais est le Père Maréchal, curé de la paroisse.

    Madame Patalowski est employée comme bonne à tout faire dans la Somme et Norbert est placé dans une famille du coin où il fut scolarisé et baptisé.

    Sur son vélo, Paul Harent venait souvent lui rendre visite.

    René Harent est décédé, c’est donc à son petit fils Dominique qu’a été remis la Médaille des Justes en mémoire de son grand-père.

    Documents annexes

    Invitation cérémonieInvitation cérémonie
    Témoignage du petit-filsTémoignage du petit-fils

    Les médias externes :