Dossier n°9240 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Roland Huillet

Année de nomination : 2001
Date de naissance : 08/03/1914
Date de décès : 06/09/2006
Profession : Retraité de l’Education Nationale

    L'histoire

    Roland Huillet et Moïse Hadjadj étaient amis d’enfance depuis leur séjour en Algérie. En 1939, ils furent mobilisés dans le même régiment, faits prisonniers de guerre en même temps et envoyés dans le même stalag en Allemagne. Là, ils furent séparés. Moïse Hadjadj fut assigné à un kommando de l’usine Otto Kaufmann de Dresden-Nidersedlitz où avaient été regroupés une cinquantaine de prisonniers de guerre juifs. Roland Huillet, soumis à un régime moins strict parce que non-juif, fut placé dans l’hôpital militaire de la ville. Ils se revirent à plusieurs occasions quand Roland venait à la grille de l’usine apporter à son ami des vivres, des cigarettes et aussi des nouvelles. Mis au courant du sort réservé aux Juifs par des patients de l’hôpital, Roland conseilla à Moïse de s’enfuir et proposa de le cacher dans sa chambre d’hôpital. Il n’accepta la proposition qu’après le bombardement allié de Dresden, quand le kommando de Moïse reçut l’ordre, en avril 1945, d’évacuer l’usine vers une destination inconnue. Craignant le pire, il profita de la cohue pour quitter ses camarades et retrouver Roland. Le voyant debout devant lui en tenue de travail, Roland eut une seconde d’hésitation parce que les risques qu’il devait prendre étaient très grands. Mais se ressaisissant, il prit son ami sous sa protection. Il lui obtint les papiers d’un prisonnier de guerre français disparu dans les bombardements et réussit à le faire admettre à l’hôpital comme aide-soignant. Ce travail lui fut d’une aide vitale, pendant les quelques semaines jusqu’à la capitulation allemande, le 8 mai. Durant cette période, Moïse s’aperçut qu’il n’était pas le seul à bénéficier de la bienveillance de son ami. Le couple Ida et Anton Piotrowski et sa sœur, des Juifs polonais qui, grâce à leur nom, se faisaient passer pour travailleurs russes, comptaient aussi parmi ses protégés. D’une insigne modestie, Roland Huillet a longtemps interdit toutes démarches pour l’attribution du titre de Juste, jusqu’à ce que ses enfants réussissent à le convaincre.

    Le 16 avril 2001, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Roland Huillet le titre de Juste parmi les Nations.