Les Justes
Roland Huillet
Année de nomination : 2001Date de naissance : 08/03/1914
Date de décès : 06/09/2006
Profession : Retraité de l’Education Nationale
Personnes sauvées
Lieu porteur de mémoire
Cérémonies
L'histoire
Roland Huillet et Moïse Hadjadj étaient amis d’enfance depuis leur séjour en Algérie. En 1939, ils furent mobilisés dans le même régiment, faits prisonniers de guerre en même temps et envoyés dans le même stalag en Allemagne. Là, ils furent séparés. Moïse Hadjadj fut assigné à un kommando de l’usine Otto Kaufmann de Dresden-Nidersedlitz où avaient été regroupés une cinquantaine de prisonniers de guerre juifs. Roland Huillet, soumis à un régime moins strict parce que non-juif, fut placé dans l’hôpital militaire de la ville. Ils se revirent à plusieurs occasions quand Roland venait à la grille de l’usine apporter à son ami des vivres, des cigarettes et aussi des nouvelles. Mis au courant du sort réservé aux Juifs par des patients de l’hôpital, Roland conseilla à Moïse de s’enfuir et proposa de le cacher dans sa chambre d’hôpital. Il n’accepta la proposition qu’après le bombardement allié de Dresden, quand le kommando de Moïse reçut l’ordre, en avril 1945, d’évacuer l’usine vers une destination inconnue. Craignant le pire, il profita de la cohue pour quitter ses camarades et retrouver Roland. Le voyant debout devant lui en tenue de travail, Roland eut une seconde d’hésitation parce que les risques qu’il devait prendre étaient très grands. Mais se ressaisissant, il prit son ami sous sa protection. Il lui obtint les papiers d’un prisonnier de guerre français disparu dans les bombardements et réussit à le faire admettre à l’hôpital comme aide-soignant. Ce travail lui fut d’une aide vitale, pendant les quelques semaines jusqu’à la capitulation allemande, le 8 mai. Durant cette période, Moïse s’aperçut qu’il n’était pas le seul à bénéficier de la bienveillance de son ami. Le couple Ida et Anton Piotrowski et sa sœur, des Juifs polonais qui, grâce à leur nom, se faisaient passer pour travailleurs russes, comptaient aussi parmi ses protégés. D’une insigne modestie, Roland Huillet a longtemps interdit toutes démarches pour l’attribution du titre de Juste, jusqu’à ce que ses enfants réussissent à le convaincre.
Le 16 avril 2001, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Roland Huillet le titre de Juste parmi les Nations.