Dossier n°9354 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

L'histoire

Suzanne Guimbretière-Mathieu, 20 ans, habitait Paris et vivait chez sa mère Laure Viardot. Étudiante à la Sorbonne, elle gagnait sa vie comme surveillante au Collège Sévigné. En 1943, une collègue la prit en aparté pendant une récréation et, discrètement, lui demanda si elle serait prête à convoyer des enfants juifs en dehors de Paris pour les soustraire aux rafles et les mettre à l’abri des arrestations. Elle accepta à condition que sa mère donnât son accord et cette dernière se joignit à l’opération. Mises en contact avec le service clandestin de la WIZO, la mère et la fille devinrent convoyeuses d’enfants. Laure s’occupait de trois départements : l’Yonne, l’Eure et l’Eure-et-Loire. Suzanne avait la charge de la Vendée, la Loire Atlantique et le Loiret. Laure remplit cette mission à plein temps alors que Suzanne n’y consacrait que son temps libre. Mais cette dernière réussit, à l’aide d’un médecin de Chavagnes-en-Paillers (Vendée), le Dr. Foucauld, à placer plus d’une vingtaine d’enfants auprès de familles du village. Leur mission de convoyeuse consistait à prendre les enfants en charge à l’une des gares de Paris et à les accompagner chez les familles nourricières prévues. Elles devaient s’assurer des bonnes conditions de placement, de la santé et de la scolarité des enfants et maintenir le suivi avec les familles qu’elles visitaient régulièrement, leur apportant une allocation mensuelle. Elles devaient aussi rechercher de nouvelles familles d’accueil. Les convoyages les exposaient aux plus grands risques du fait des contrôles d’identité fréquents dans les gares et les trains. Suzanne fut arrêtée une fois par la police française. Après une longue discussion, elle demanda à voir le supérieur responsable et lui avoua « oui, ce sont des enfants juifs et alors ? Ils doivent mourir ? ». Elle fut relâchée après quelques heures. Plus d’une dizaine des enfants convoyés par Suzanne ont été retrouvés et tous ont témoigné de leur attachement, malgré le temps passé, à cette jeune fille qui a les a sauvés et a su leur prodiguer une grande affection.

Le 4 juin 2001, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Laure Viardot et à sa fille Suzanne Guimbretière le titre de Juste parmi les Nations.

Le témoignage

En 1943, Suzanne Mathieu est âgée de 19 ans. Etudiante et surveillante du collège Sévigné, elle est contactée pour aider au placement d’enfants juifs. Elle et sa mère, Laure Viardot, décident de s’engager bénévolement dès mars 43. Laure Viardot et sa fille, aujourd’hui Suzanne Guimbretière, travaillent donc pour le service clandestin de placements d’enfants de la WISO jusqu’à fin 45. Tandis qu’elle s’occupe du placement des enfants dans les départements de Vendée, du Loiret et de la Loire, sa mère s’occupe de ceux de l’Eure et Loir et de l’Eure.

Pendant plus de deux ans et malgré les vérifications constantes des gendarmes français et policiers allemands dans les trains, les deux femmes recherchent des familles d’accueil et convoient les enfants depuis la gare d’Austerlitz jusqu’à ces familles d’accueil. Elles s’assurent à chaque voyage du bien-être physique et moral de ces enfants dans leurs nouveaux foyers. Après la Libération, Laure Viardot et Suzanne Mathieu-Guinbretière ont donc joué un rôle essentiel dans la survie de nombreux enfants. Elles ont aussi représenté pour ces enfants coupés de leurs familles une présence affectueuse.

Documents annexes

Article de presse - La croix de 01/2002Article de presse – La croix de 01/2002
Article de presse - Sud Ouest du 28/01/2008Article de presse – Sud Ouest du 28/01/2008
Invitation cérémonieInvitation cérémonie
GUIMBRETIERE Suzanne

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