Les Justes
Fernand Peyronnet
Année de nomination : 2001Date de naissance : 22/03/1922
Date de décès : //
Profession : Agriculteur
Département : Dordogne
Région : Nouvelle-Aquitaine
Personnes sauvées
Cérémonies
L'histoire

Fernand Peyronnet
Onze familles juives sont évacuées de Metz à Royan en novembre 1939. Mais en 1940, les Allemands déclarent la zone côtière atlantique, zone interdite aux juifs donc les familles sont refoulées vers l’intérieur des terres et sont assignées à résidence dans un petit village de Dordogne, Festalemps qui est occupé par les Allemands.
Leurs enfants sont aussitôt intégrés à l’école du village. A la rentrée scolaire de 1941, Henri Neyrat, instituteur frais émoulu de l’École normale, est nommé à Festalemps. Sportif féru de football, il se lie d’amitié avec un tout jeune sportif du cru, Fernand Peyronnet, fils d’un agriculteur de la localité, âgé d’à peine 20 ans. Le père de Fernand, ancien combattant de guerre 14/18 a pleuré à la vue des premiers occupants allemands. Fernand comme son père a la fibre patriotique.
C’est en juin 1942 que les Juifs sont astreints au port de l’étoile jaune. L’instituteur, fervent adepte des valeurs républicaines, rassemble alors tous les élèves pour leur expliquer le caractère odieux de cette mesure et les mettre en garde contre toute allusion ou gestes désobligeants envers les porteurs de l’étoile. Lorsque parvient la nouvelle des ravages de la rafle massive des Juifs dite du Vel d’Hiv à Paris en juillet 1942, l’une des réfugiées juives, Anne Drabinowski, 17 ans, confie au jeune instituteur la décision de ses parents de chercher à franchir clandestinement la ligne de démarcation toute proche, vers la zone sud. Elle espère trouver une aide en la personne de Henri Neyrat. Nouveau venu à Festalemps et peu familiarisé avec la topographie de la région, il décide de mettre la jeune fille juive en rapport avec son ami, Fernand Peyronnet. Très bien informé de tous les itinéraires du secteur et des parcours empruntés par les patrouilles allemandes, l’agriculteur sportif s’improvise passeur bénévole, intrépide. Festalemp est proche de la ligne de démarcation, de ce fait extrêmement surveillée par les Allemands qui sévissent durement en cas d’arrestation. A chaque passage, Fernand risque sa vie et celle de ses protégés.
Opérant toujours la nuit et portant les lourdes valises, Fernand conduit le couple Drabinowski et ses trois enfants jusqu’à Riberac, en zone sud, à la fin du mois de juillet 1942. Il faut traverser des champs de blé, des champs de maïs, quelques fois c’est très difficile car il y a des personnes d’un certains âges et des enfants en bas âge.
Au cours des semaines suivantes, il récidive et sauve deux autres familles juives assignées à résidence à Festalemps. Cependant, dans la nuit du 8 au 9 octobre 1942, sept familles juives du village sont arrêtées par la gendarmerie et conduites à Angoulême, dans la salle Philarmonique où elles sont regroupées avec d’autres familles qui avaient été arrêtées la même nuit dans d’autres villages de Dordogne, près de 400 personnes au total. Ils sont envoyés à Drancy puis sont déportés par le convoi N°40 du 3 novembre 1942, très peu sont revenus des camps. la famille Dabrowski témoignera par la suite du courage de Fernand qui n’a jamais monnayé ses passages. Quand Fernand apprend que les familles juives ont été amenées à Angoulême il prend la décision de faire le voyage aller-retour , 120 kilomètres à bicyclette pour essayer de leur apporter de la nourriture et essayer d’en faire sortir quelques-uns mais cela n’a pas été possible car aucun ne voulait être séparé.
Fernand Peyronnet écrira plus tard: « Je ne demande pas de remerciements de ce que j’ai fait à 20 ans, c’était pour des gens traqués et qui avaient peur, et j’avais le sentiment de participer à la lutte contre les nazis ».
Le 11 octobre 2001, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Fernand Peyronnet, le titre de Juste parmi les Nations.

Odette en 1942, une des enfants sauvées

La ferme du sauvetage
Documents annexes