Dossier n°9530 - Juste(s)

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Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Louis Villaret

Année de nomination : 2001
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : Employé à l’abattoir municipal

Yvonne Villaret

Année de nomination : 2001
Date de naissance : //
Date de décès : //
Profession : femme au foyer
    Localisation Ville : Bédarieux (34600)
    Département : Hérault
    Région : Occitanie

    L'histoire

    Les Villaret17 personnes ont contribué au sauvetage des quatre membres de la famille Weiler, Juifs allemands réfugiés en France dans les années 30 et installés à Bédarieux (Hérault) depuis l’invasion. Emil Weiler était médecin mais trouva un emploi de comptable. Il donnait aussi des cours privés d’anglais et sa femme des cours d’allemand pour compléter leurs revenus. La fille de Louis Villaret, employé aux abattoirs, et d’Yvonne, sa femme, ainsi que la fille de Charles Cabanis, pasteur de la communauté protestante de la localité, comptaient parmi leurs élèves. Après l’invasion allemande de la zone sud, les Weiler décidèrent de mettre leurs 2 filles en sécurité. Le couple Villaret accueillit Rachel, 8 ans à titre graçieux de novembre 1942 au printemps 1943. Dans les mêmes conditions, Hanna, 11 ans, fut hébergée par Henri Bonnafous, diplomate à la retraite, et Adrienne, sa femme. Après une tentative avortée de faire passer leurs filles en Suisse, les Weiler contactèrent l’OSE qui réussit à les placer au Couvent des Dominicaines, à Monteils (Aveyron) dont les religieuses, dans la mouvance de Monseigneur Salièges*, hébergeaient déjà une dizaine d’autres enfants juifs. La Mère Supérieure Albert-Marie et Sœur Hyacinthe, la directrice de l’internat, seules à connaître l’identité juive des deux fillettes, leur firent un accueil chaleureux pendant leur séjour au couvent, du printemps 1943 à mai 1944. En janvier de la même année, une employée de la mairie de Bédarieux, Yvonne Dougada, prévint le couple Weiler que la police avait demandé à consulter leur dossier. Inquiets, ils plongèrent dans la clandestinité. Mathilde Fabre, une employée des postes, leur offrit le gîte dans sa maison où elle vivait seule. Le pasteur Cabanis et Louis Villaret, aidés d’un couple d’épiciers, les Verdaguer, assurèrent leur ravitaillement. Mais en mai 1944, prévenues d’un danger de perquisition allemande, les religieuses alertèrent les parents qu’il fallait retirer leurs filles du couvent pour un asile plus sûr. Dans l’impossibilité de se déplacer, les Weiler firent intervenir encore une fois Charles Cabanis qui s’occupa de les transférer à Toulouse chez le pasteur Piat et ensuite dans une ferme isolée du village de Carla-Bayle (Pyrénées-Orientales). Là, elles furent accueillies par Albert Laurent, un fermier célibataire, et sa nièce Mathilde que Cabanis connaissaient d’avant-guerre du temps où il y avait officié comme pasteur du village. Les fillettes vécurent chez les Laurent à titre gracieux jusqu’à la Libération qui permit la réunion de toute la famille.

    Le 30 0ctobre 2001, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné, à Louis et Yvonne Villaret, Henri et Adrienne Bonnafous, Charles Cabanis, aux Sœurs Albert-Marie et Hyacinthe, à Mathilde Fabre, Albert Laurent ainsi qu’à sa nièce Mathilde Laurent, le titre de Juste parmi les Nations.  

    Le témoignage

    La famille Weiler, le père, médecin, la mère, fille de rabbin, et, leurs deux filles Hanna et Rachel vivaient, à Sarrebruck en Allemagne, qui était sous administration française jusqu’en 1935. Cette année-là, un plébiscite décide de son retour en Allemagne. La France accorde sa nationalité aux Sarrois décidant de s’installer en France et permet aux médecins juifs d’ouvrir un cabinet. Avec la montée du nazisme,en 1936, les Weiler viennent s’installer à Dijon, une autre partie de leur famille résidant à Strasbourg. En 1939, le Docteur Weiler se présente comme médecin volontaire à l’Hôpital militaire de Carolue en Côte d’Or. En 1940, le père étant toujours mobilisé, Mme Weiler et ses deux filles partent retrouver leur famille à Saumur, où, elle avait été évacuée de Strasbourg. A la débâcle, ils partent vers le sud. Le Docteur Weiler est démobilisé car il n’a plus le droit d’exercer son métier (statut des Juifs). Pour vivre, il donne des cours d’anglais à Jacqueline Villaret et à l’une des filles du Pasteur Cabanis. En 1944, les Allemands occupent la zone sud. Hanna Weiler est immédiatement prise en charge et hébergée chez les parents de Jacqueline, Louis et Yvonne Villaret, et Rachel chez Henri et Adrienne Bonnafous, et ce pendant plus d’un an. Après plusieurs tentatives infructueuses de passages en Suisse ou d’embarquement pour les Etats-Unis, les parents s’adressent à l’O.S.E (Œuvre de Secours aux Enfants) et, c’est ainsi que les deux soeurs furent envoyés au couvent des Dominicaines à Monteil, Dordogne où se trouvent déjà dix autres petites filles juives. Seules, la Mère supérieure, Albert-Marie, et la directrice de l’internat sont au courant de leur identité. Les deux jeunes filles restent au couvent jusqu’en 1944.

    Cette même année, les Weiler apprennent par la mairie qu’une rafle se prépare. Effectivement, les Allemands se présentent chez eux 24 heures après mais ils sont déjà partis, aidés par le Pasteur Cabanis qui leur a trouvé une chambre dans la maison de Mme Mathilde Fabre. M. Villaret qui travaille à l’abattoir leur apporte de la viande et de la nourriture qui sont données par le Pasteur Cabanis.

    En mai 1944, les Allemands se mettent en chasse pour arrêter les enfants juifs. Il n’est donc plus question de laisser les deux soeurs Weiler au couvent. Le Pasteur Cabanis, s’occupe encore une fois de leur trouver une autre cache. Ce sera une ferme dans un village perdu des Pyrénées. Mme Villaret qui se charge de les convoyer jusqu’à Toulouse, malgré tous les risques que présente un tel voyage. Elles y restent trois mois et participent aux travaux de la ferme.

    Documents annexes

    Invitation cérémonie Villaret



    Mis à jour il y a 3 mois.