Dossier n°9620 - Juste(s)

Consulter le dossier de Jérusalem (en anglais)


Les personnes reconnues « Justes parmi les Nations » reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : « Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier ». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’état d’Israël. Au 1er janvier 2021, le titre avait été décerné à 27921 personnes à travers le monde, dont 4150 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages.Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.

Allée des Justes à Paris
Allée des Justes à Jérusalem

Les Justes

Année de nomination : 2004

Hélène (Bonne) Saran

Année de nomination : 2004
Date de naissance : 24/04/1891
Date de décès : 24/03/1988
Profession : Couturière
    Localisation Ville : Brive-la-Gaillarde (19100)
    Département : Corrèze
    Région : Nouvelle-Aquitaine

    L'histoire

    Hélène Saran
    En janvier 1944, Herso Saragoussi avait demande à une veuve, Hélène Saran, d’héberger pour un jour son frère Vitalis, grièvement blessé. Elle résidait à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) et accepta malgré ses apprehensions et les grands risques. Les deux frères Saragoussi, Juifs d’origine grecque, étaient membres des Francs-Tireurs et Partisans Français. Le 6 octobre 1943 au cours de combats contre l’occupant, Vitalis fut atteint d’une balle qui lui perfora le poumon droit. Fait prisonnier, il fut opéré et mis en cellule gardée par treize miliciens. Le 8 janvier 1944, un commando de la résistance prit la prison d’assaut et le libéra. Après une longue marche par un froid de – 10°, les fugitifs trouvèrent refuge dans les bois. Quand Herso revit son frère, il comprit qu’il ne pourrait survivre dans le froid glacial de la forêt et s’adressa à une amie, Odette, qui proposa d’emmener le blessé chez sa mère, Hélène Saran. Elle l’avait accepté provisoirement mais quand Herso revint chercher son frère le lendemain, elle lui dit: «vous savez mon petit, dans l’état où il est, vous ne pouvez pas le renvoyer dans la forêt. Laissez-le ici encore quelques jours ». De fil en aiguille, elle le garda caché dans son grenier pendant trois mois. Durant ce séjour, la division S.S. Das Reich, repliée à Brive après avoir perpétré le massacre d’Oradour-sur-Glane, organisa une rafle dans la rue où Hélène habitait. Les Allemands fouillèrent maison par maison à la poursuite de Juifs et de « terroristes ». Par chance, ils s’arrêtèrent juste devant sa maison. Les voisins questionnés sur l’identité de ses locataires leur répondirent que seule une vieille veuve et ses deux filles y résidaient. Les Allemands rebroussèrent chemin. C’est grâce au courage et au cœur d’Hélène Saran, que Vitalis Saragoussi a eu la vie sauve.        

    Le 21 décembre 2004, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Hélène Saran le titre de Juste parmi les Nations.

    Le témoignage

    Venue de Grèce, la famille Saragoussi s’installe à Paris au tout début des années 30. Il y a 4 enfants : Léon, Vitalis, Elvire et Herso. L’aîné, Léon, travaille déjà dans l’échoppe où son père est établi comme cordonnier, au Village Suisse dans le 15ème.

    Tout se passe bien jusqu’à la déclaration de la guerre, quand Léon part sur le front et que le père meurt de maladie.

    En Juin 1940, Léon est fait prisonnier. La vie s’organise tant bien que mal entre les privations alimentaires et les discriminations raciales. Une nuit de l’automne 1942, alors que Vitalis est déjà parti en Zone Libre pour se sauver et chercher du travail – qu’il trouve à Objat en Corrèze – la police frappe à la porte mais Herso décide de ne pas ouvrir… A l’aube, avec sa mère et sa soeur, c’est la fuite jusqu’au domicile d’un copain, Pierre Caudron, qui les accueille durant 2 jours, puis encore ailleurs durant quelques jours.

    Grâce à un cheminot compatissant, Herso, sa mère et sa soeur passent en Zone Libre mais, lors d’un contrôle, ils sont emmenés par les gendarmes dans un camp d’internement, où règnent d’affreuses conditions de vie. Libérés le soir de Noül 1942, ils rejoignent enfin Vitalis à Objat.

    Un voisin secourable, M. Auboine, aide Mme Saragoussi à louer un petit logement. Les deux frères travaillent quelques mois dans la fabrique Auboine de sabots de bois.

    En Juillet 1943, Vitalis s’engage dans les FTP. Gravement blessé au cours d’un engagement en Octobre 43, il passe trois mois à l’hôpital de Tulle. Libéré par un commando de Résistants, il est dans un état de faiblesse extrême et son frère comprend qu’il ne pourra survivre s’il reste caché dans les bois.

    Herso connaît une jeune fille, Janine Saran, qui vit à Brive-la-Gaillarde avec sa mère Hélène et ses soeurs : Hélène va accepter de le soigner et de le garder chez elle plusieurs mois, en dépit de la situation dramatique qui prévaut dans le sud-ouest en 1944. Hélène Saran n’a voulu accepter aucun dédommagement et a pris tous les risques pour sauver son protégé.

     

    Documents annexes

    Article de presse - La nouvelle république du 31/05/2007Article de presse – La nouvelle république du 31/05/2007
    19 mars 2014 11:42:02
    Invitation cérémonie SaranInvitation cérémonie Saran
    19 mars 2014 11:41:16

    Articles annexes