Les Justes
Odette (Larrieu) Pilpoul
Année de nomination : 2002Date de naissance : 11/03/1906
Date de décès : 10/02/2004
Profession : Chef de bureau à la Préfecture de la Seine
Département : Paris
Région : Ile-de-France
Lieu de mémoire
Lieu porteur de mémoire
L'histoire
En mai 1941, Odette Pilpoul prenait possession de ses fonctions de secrétaire générale adjointe de la mairie du 3ième arrondissement de Paris. Son mari, Jacques Pilpoul, était juif et né en 1906 à Rishon-le-Zion, aujourd’hui en Israël. Durant sa scolarité, elle s’était liée d’amitié avec Laurette Carasso, une amie de classe juive de nationalité grecque qui, par son mariage avec Georges Arditi, devint française. Au cours des rafles de juillet 1942 à Paris, Laurette lui demanda son aide pour cacher ses parents. Odette les hébergea chez elle pendant plusieurs mois. Elle les munit des faux papiers ainsi que son amie et son mari. Dénoncée par un officier des gardiens de la paix du 3ième arrondissement, des inspecteurs de police vinrent perquisitionner chez elle et découvrirent les clandestins. Néanmoins, ils acceptèrent de négocier l’affaire à condition de pouvoir éventuellement citer Odette comme témoin à décharge, comme ils le firent au cours de leur procès après la Libération. Par ailleurs, elle intervint pour sauver un grand nombre de Juifs de la déportation, soit en les avertissant des rafles imminentes, en leur trouvant une cache, en leur fournissant des faux papiers et des titres d’alimentation ou en faisant libérer les veuves de guerre de l’arrestation. Le sauvetage de Juifs s’alliait à son travail clandestin pour divers réseaux de Résistance: sabotage des instructions administratives, renseignement et aide à tous les exclus du régime. Engagée très tôt dans la lutte contre l’occupant, son arrestation par la Gestapo le 3 mars 1944 mit un terme à son activité clandestine en France. Elle fut déportée à Ravensbruck et Buchenwald. Revenue de déportation, ses actions, motivées par un patriotisme intransigeant, le refus du racisme et le respect des valeurs humaines, furent couronnées de la Croix de Guerre avec Palme et de la Médaille de la Résistance.
Le 6 mai 2002, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné à Odette Pilpoul le titre de Juste parmi les Nations.
Le témoignage
Ma mère, née Larrieu le 11 mars 106 à Bordeaux (Gironde) et domiciliée depuis 1935 à Paris, a été secrétaire générale adjointe de la Mairie du IIIème arrondissement jusqu’à son arrestation par la Gestapo en mars 1944, pour ses activités dans la Résistance, puis sa déportation en Allemagne.
En tout état de cause, le travail que ma mère a effectué pour résister n’aurait pas été possible sans le concours et la confiance de quelques employées de son entourage immédiat.
Ma mère est revenue très éprouvée des camps de concentration. Grande invalide de guerre, elle a vu sa santé décliner.
J’avais 5 ans à la déclaration de guerre. Mes parents m’ont confié aux soins d’une bretonne qui m’a élevé dans sa ferme pendant toute la durée de la guerre. Entre Saint-Nazaire et Redon, comme l’armée allemande, je suis encerclé dans » la poche de Saint-Nazaire » qui ne sera libérée qu’en mai 1945.
A l’été 45 à paris, mes parents et moi nous retrouvons miraculeusement tous les trois en vie. Mon père revient de la guerre après avoir combattu et avoir été décoré de la Légion d’honneur, ma mère éprouvée physiquement et moralement, sort des camps de concentration de Ravensbruck et de Buchenwald et moi, libéré de la poche de Saint-Nazaire.
Madame Pilpoul a épousé un juif qu’elle a sauvé pendant la guerre avec de nombreux autres juifs, mais aussi des résistants, des réfractaires au STO. Elle était secrétaire administrative dans cette mairie et a établi de nombreux faux papiers de toutes sortes.
Elle a fait de la résistance et appartenait à un grand réseau, elle a été arrêtée, torturée et déportée à Ravensbruck et Buchenwald.
Elle a eu de nombreuses décorations dont la Légion d’Honneur.
PILPOUL Odette
Membre d’un réseau de la Résistance, Odette Pilpoul prend, le 3 mai 1941, ses fonctions de secrétaire générale adjointe de la mairie du III ème arrondissement de Paris. Son activité de Résistance prend trois aspects : sabotage systématique de toutes les instructions administratives visant à brimer la population ou à aider l’ennemi ; aide directe et individuelle à la population menacée du IIIème ou d’ailleurs; travail clandestin avec les organisations de la Résistance. Elle a effectué ce travail sous sa seule responsabilité.
Elle s’occupe tout particulièrement des juifs persécutés. Elle sabote les instructions administratives en omettant le cachet juif sur les cartes d’alimentation. Elle multiplie les démarches auprès du préfet de police, notamment au moment de la grande rafle du 16 juillet 1942 afin de libérer les veuves de guerre. Au moment des rafles, elle cache des juifs. Le 16 novembre 1942, elle a été dénoncée par l’officier de paix du III ème, des inspecteurs sont venus à son domicile et ont trouvé les juifs qu’elle cachait Ils ont néanmoins accepté d’arranger l’affaire. Elle a aidé à cacher des enfants juifs en leur fournissant de faux papiers et de fausses cartes. Elle a également prévenu des juifs des rafles dont elle était au courant. Déportée en 1944 à Buchenwald, elle a travaillé dans une usine d’armements et a continué son travail de sabotage. Enfin, à la Libération, elle a fournit des documents pour la recherche de déportés et la recherche de criminels de guerre.
Documents annexes
Invitation cérémonie Pilpoul |