Les Justes
Andréa (Chieftain) Jacotin
Année de nomination : 2003Date de naissance : 08/07/1899
Date de décès : 25/10/1953
Profession : Directrice d’une école privée
Département : Pyrénées-Atlantiques
Région : Nouvelle-Aquitaine
Personnes sauvées
Cérémonies
L'histoire
Andréa Jacotin dirigeait « Le Paraclet », une école internat à Serres Sainte-Marie (Basses Pyrénées). Agée de 43 ans et célibataire, elle était issue d’une famille d’officiers supérieurs éduquée dans le respect du devoir patriotique. Elle-même appliquait des méthodes d’éducation modernes basées sur le scoutisme. Ses élèves l’appelaient d’ailleurs « Cheftaine ». En 1940, les parents de Liane Enten, 7 ans, envoyèrent leur fille dans les Pyrénées avec un convoi d’enfants de l’Assistance Publique. Plus tard, ils vinrent la rejoindre avec son frère et inscrivirent leurs enfants au Paraclet. Comme ils étaient Juifs et dépossédés de leurs biens, ils subsistèrent en donnant des cours. Andréa embaucha M. Enten pour enseigner la comptabilité et la gestion et Mme Enten la danse rythmique. Elle employait aussi plusieurs autres professeurs d’origine juive et protégea les Enten jusqu’en septembre 1943. Les fouilles de la Gestapo dans l’établissement se faisant de plus en plus fréquentes, les Enten partirent se cacher à Pau. Andréa abrita aussi au Paraclet Claude, 12 ans, fille de Georges Mandel, réfugiée à Pau pour se rapprocher de son père emprisonné au Fort du Portalet par les autorités de Vichy. Il fut remis aux Allemands, déporté en Allemagne et assassiné par la Milice dans la forêt de Fontainebleau en juillet 1944. Claude avait revu son père le 13 novembre 1942 pour la dernière fois. A son retour de la prison, le personnel de son hôtel l’avertit que les Allemands la recherchaient. Elle prit la fuite et s’adressa au Père Carré, aumônier du Portalet, qui l’emmena chez Andréa. A l’arrivée de Claude, elle brûla sa carte d’alimentation et en fit refaire une nouvelle à la mairie sous un faux nom. Elle hébergea aussi Annie Arditi, une autre fillette juive. Un jour la Gestapo se présenta, tenant la mère d’Annie en otage pour appréhender sa fille. Avec sang-froid, Andréa déclara qu’elle l’avait laissée partir la veille avec une tante. Elle installa un poste de garde sur les hauteurs du Paraclet pour guetter l’arrivée des Allemands. A chaque visite, les pensionnaires juifs sautaient par la fenêtre des toilettes et se dispersaient dans la nature. Ils ne revenaient qu’au signal convenu. A la Libération, elle réinstalla son école dans la région parisienne et reprit contact avec les Enten qui l’adoptèrent à leur tour et la soignèrent jusqu’à son décès en 1953.
Le 13 février 2003, Yad Vashem – Institut International pour la mémoire de la Shoah, a décerné à Andrea Jacotin, le titre de Juste parmi les Nations.
Le témoignage
Monsieur Philippe Enten, né en Tchécoslovaquie en 1898, (cinquième de six enfants), devient docteur en droit à Budapest en 1923. Avocat d’affaires à Venise, il rencontre Genia Palzeff, née en 1901 en Autriche, qui est professeur de danse rythmique. Ils se marient en 1928 à Prague, et choisissent de venir vivre en France, » Pays de la Liberté « .
Là, Philippe Enten, dont les diplômes ne sont pas reconnus, se lance dans le commerce de chaussures en gros. Son épouse Genia dirige un studio de danse rythmique à la salle Pleyel, qui connaît un grand succès.
Leur fils Romain Nicolas naît en octobre 1929, leur fille Liane Ariane en 1933. La famille vit heureuse avec la grand-mère maternelle, dans un pavillon de banlieue au milieu d’un jardin.
En 1939, c’est la déclaration de guerre, les nouvelles d’Allemagne sont inquiétantes. Les enfants sont envoyés à la campagne. Puis, en juin 1940, c’est l’exode. La famille se retrouve à Artix (basses Pyrénées). Les enfants fréquentent l’école du village. Les parents, sans ressources, cherchent du travail. Ils en trouvent dans deux collèges catholiques repliés en zone libre. Gestion, comptabilité, enseignement des langues pour le père, danse rythmique pour la mère ;
L’un de ces collèges est dirigé par Mademoiselle Andréa Jacotin. En octobre 1941, les enfants Enten y sont accueillis comme élèves. Ils y sont relativement en sécurité, mais en 1942, c’est l’invasion de la zone libre par les Allemands. Croyant se protéger, ils sont tous baptisés par le père Carré, mais malgré la complicité du commandant de la gendarmerie.
Documents annexes
Invitation cérémonie |