Gabrielle et Albert Lequin résidaient à Paris avec Mireille, leur fille unique, de 15 ans en 1942. Albert travaillait sur des chantiers de construction et ne rentrait chez lui que pour les fins de semaines. Mireille avait fait toute sa scolarité avec Rose Schoenkinder, 15 ans elle aussi, qui était d’origine juive. Elles étaient très liées et se voyaient très souvent, habitant à une distance de quelques immeubles l’une de l’autre. Les deux jeunes filles fréquentaient une autre amie commune qui habitait à la même adresse que les Lequin et dont le père était policier. En juillet 1942 à la veille de la grande rafle du Vel’d’Hiv, le voisin policier envoya sa fille prévenir Rose des arrestations imminentes, lui conseillant à elle et sa famille de rester cachées pendant quelques jours. Les Lequin accueillirent Rose dans leur petit appartement de deux pièces. Une fois la menace dissipée, à sa grande surprise, ils lui proposèrent de rester chez eux. Ainsi l’ont-ils hébergé jusqu’à la Libération à titre gracieux. Rose était prévenue de chaque opération d’arrestation par son amie, fille du policier. Elle pouvait ainsi avertir à son tour ses parents qui étaient cachés ailleurs mais qui véhiculaient l’information parmi leurs proches. Les Lequin s’occupaient de renouveler leurs titres de ravitaillement pour leur éviter les démarches administratives devant les autorités. La sœur de Gabrielle Lequin était mariée à un Juif hongrois, lui-même arrêté et déporté. Il eut la chance de rentrer des camps. Rose qui émigra aux U.S.A., maintint des liens d’amitié durables avec ses sauveurs.     

Le 25 août 2003, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Gabrielle et Albert Lequin le titre de Juste parmi les Nations.

 

Le témoignage

En 1942, Rosa Witkower, qui est née et qui a grandi à Paris, habitait avec ses parents au 3, Boulevard Soult dans le 12ème, au 17, vivait une famille composée des parents : Albert et Gaby LEQUIN, 39 et 36 ans, et de leur fille Mireille, 15 ans .

Rosa avait également 15 ans, elle était amie avec Mireille, dont elle connaissait très bien la famille.

Elle avait une autre amie dans le même bloc d’immeubles, dont le père policier, arrêtait des Juifs durant la guerre. Toutefois, il décida d’aider Rosa et de la prévenir des rafles, habituellement de nuit .

Un soir où justement elle cherchait un endroit sûr, elle se rendit chez les Lequin. Madame Lequin la questionna et Rosa répondit qu’elle cherchait où passer deux nuits. Sans hésiter, Madame Lequin lui offrit aussitôt l’ hospitalité et Rosa passa là toutes ses nuits durant deux ans. Monsieur Lequin , absent toute la semaine pour son travail, rentra le vendredi et déclara en souriant :  » Je crois que nous avons une nouvelle fille « .

L’appartement ne comportait que deux pièces. Les Lequin étaient à l’étroit , mais ils ne se plaignirent jamais . Ils furent exceptionnels jusqu’à la fin de la guerre, car ils risquaient d’être dénoncés et arrêtés par la police, mais rien ne les effrayait . De son côté , Rosa cachait son étoile jaune et faisait en sorte de ne pas les mettre en danger .
Après la guerre, Rosa et son frère ont gardé des relations d’amitié avec la famille Lequin.

Albert et Gabrielle étant décédés, c’est leur fille Mireille qui recevra en leur nom, la Médaille des Justes .

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Documents annexes

Article de presse - Actualité juive du 03/02/2005Article de presse – Actualité juive du 03/02/2005
9 novembre 2016 11:16:15
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9 novembre 2016 11:15:06