En 1940, Cécile Cuccaroni fut engagée comme gouvernante par Bernhard et Elsbeth Rosenbaum, des Juifs de Dantzig qui, deux ans plus tôt, étaient venus s’installer à Nice avec leurs enfants. Lorsque les Rosenbaum furent forcés de quitter leur appartement et de se cacher en 1942, la courageuse gouvernante les aida à tenir bon jusqu’à la Libération. Bernhard Rosenbaum était avocat, et quelques années avant de quitter Dantzig, avait gratuitement prodigué ses services aux religieuses catholiques de l’ordre Schwestern zum Guten Hirten. Lorsqu’il se trouva contraint de fuir, les religieuses reconnaissantes lui donnèrent une lettre de recommandation pour le couvent du Bon Pasteur à Cannes, tenu par un ordre proche du leur. C’est ainsi qu’une délégation des soeurs de ce couvent vint accueillir la famille à son arrivée à Nice et lui offrit assistance en cas de besoin. Le 26 août 1942, les Rosenbaum furent avertis qu’une rafle de Juifs devait avoir lieu le jour-même. N’ayant pas eu le temps de se chercher une cachette, ils se bornèrent à débrancher la sonnette de l’appartement qu’ils avaient loué avenue des Fleurs. Les gendarmes sonnèrent donc en vain, puis frappèrent violemment à la porte. N’obtenant aucune réponse, ils conclurent qu’il n’y avait personne. Pendant les six semaines qui suivirent, les Rosenbaum se cachèrent dans des chambres de bonne sous le toit, n’utilisant les sanitaires que lorsque les locataires du dernier étage étaient absents, afin que nul ne soupçonne leur présence. Elsbeth Rosenbaum fut ensuite recueillie avec ses deux petits-enfants par des amis français. On pensait qu’elle n’était pas en danger du fait de son âge avancé, et c’est donc elle qui, avec Cécile Cuccaroni, apportait de la nourriture et des objets de première nécessité aux trois membres de sa famille qui se cachaient. Cécile transmettait aussi des messages aux uns et aux autres et servait ainsi de trait d’union entre les membres dispersés de la famille. En septembre 1943, après la reddition de l’Italie aux Alliés, les Allemands occupèrent Nice et l’ensemble de la zone précédemment sous contrôle italien. La Gestapo intensifia alors les persécutions contre les Juifs. Pour leur échapper, les Rosenbaum changèrent constamment de cachettes. Cécile Cuccaroni continua à les aider, transmettant courrier et informations, apportant nourriture, vêtements et l’argent qu’envoyait Elsbeth, sans oublier des jouets pour les enfants. Elle accompagnait les Rosenbaum d’une « planque » à l’autre – de l’autre côté de la rue ou aux confins de la ville. A la demande d’Elsbeth, elle se rendit au couvent du Bon Pasteur de Cannes demander à la Mère supérieure d’accueillir les deux petits enfants. La religieuse accepta et Cécile décida spontanément de les inscrire sous son propre nom. Un peu plus tard, en janvier 1944, elle escorta jusqu’au couvent Elsbeth, sa fille, sa belle-fille et deux amis de la famille.

Le 5 juin 1981, Yad Vashem a décerné à Cécile Cuccaroni le titre de Juste des Nations.

 

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