L’histoire

Pierre Marie Benoit
Jusqu’en 1940, Pierre-Marie Benoît, prêtre français appartenant à l’ordre des Capucins, résidait dans le monastère de l’ordre à Rome. Lorsqu’il devint clair que la guerre entre la France et l’Italie était inévitable, il rentra en France et s’installa au monastère des Capucins de Marseille. Bouleversé par la législation raciale de Vichy, il prit la décision de se consacrer à la protection des réfugiés juifs. Pour ce faire, il mit en oeuvre tous les moyens dont il disposait : contacts avec les passeurs, avec les mouvements clandestins et avec les organisations religieuses de toutes confessions – protestantes, grecques-orthodoxes, juives. Il réussit ainsi à obtenir des faux papiers et à faire passer clandestinement des fugitifs vers l’Espagne ou la Suisse. Bientôt sa réputation d’homme prêt à tout pour sauver les Juifs circula de bouche à oreille : la salle d’attente du monastère ne désemplissait pas tandis que l’imprimerie située au sous-sol du bâtiment imprimait des milliers de faux certificats de baptême destinés aux Juifs. Lorsque le sud de la France fut occupé en novembre 1942, ce qui rendit presque impossible le passage en Espagne ou en Suisse, le père Benoît entreprit d’organiser le transfert des Juifs vers la zone sous occupation italienne. Il rencontra à Nice Guido Lospinoso, commissaire italien aux Affaires juives, envoyé par Mussolini à la requête des Allemands. Le prêtre réussit à convaincre Lospinoso de ne rien entreprendre contre les 30 000 Juifs qui vivaient à Nice et ses environs – ce qui était pourtant le but de sa mission. En avril 1943, il alla voir le pape Pie XII et lui soumit un plan de transfert des Juifs de Nice vers l’Afrique du Nord en transitant par l’Italie. En tout état de cause, ce plan n’aurait put être exécuté car les Allemands entrèrent dans la zone sous contrôle italien en septembre 1943, occupant également la partie nord de ce pays. Lorsque la Gestapo découvrit les activités du père Benoît, ce dernier fut obligé de partir pour Rome. Désormais un réfugié lui aussi, il redoubla pourtant d’efforts de sauvetage. Il fut élu membre du conseil de Delasem (Delgazione Assistenza Emigranti Ebrei), la principale organisation juive de bienfaisance en Italie, et lorsque le président de cette association, un Juif, fut arrêté, Benoît fut nommé président par interim. Les réunions de l’association se tenaient au monastère capucin de Rome. Le père Benoît sollicitait les ambassades de Suisse, Roumanie, Hongrie et d’Espagne et réussissait à obtenir de faux papiers qui permettaient aux Juifs de circuler librement. Le père Benoît se faisait aussi remettre des cartes d’alimentation par la police en prétendant qu’elles étaient destinées à des réfugiés aryens. Il sauva ainsi la vie à un grand nombre de Juifs, qui voient en lui celui qui les arracha à la déportation et aux fours crématoires. Lorsque Rome fut libérée en juin 1944, la communauté juive de la ville organisa une cérémonie officielle à la grande synagogue en son honneur. Des années plus tard, le président américain Lyndon Johnson évoqua dans un émouvant discours les actes admirables du prêtre, soulignant qu’il constituait un exemple pour le peuple américain en ce qui concerne la protection et la sauvegarde des droits des citoyens, sans distinction de race, de couleur de la peau ou de religion.

Le 26 avril 1966, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné au Père Pierre-Marie Benoît le titre de Juste parmi les Nations.

Père Pierre Marie BENOIT

Documents annexes

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