En août 1940 Antoine Beille, officier blessé au combat, fut rapatrié et hospitalisé à Cahors. Max Nejman, un Juif, qui avait été son ordonnance et qui venait d’être démobilisé, vint lui rendre visite à l’hôpital. Il lui fit part de sa situation difficile et demanda son aide : lui-même et sa famille ne se sentaient plus en sécurité dans Paris occupé par les Allemands. Beille accepta immédiatement de lui donner asile. Il fut décidé que, tant qu’il serait à l’hôpital, les Nejman iraient habiter chez ses parents à Nissan-lez-Enserune, dans le département de l’Hérault. Ernest et Césarine Beille accueillirent les réfugiés juifs à bras ouverts, leur assurant le gîte et le couvert. Ernest présentait Nejman à ses amis au bistrot comme un Juif polonais et un héroïque soldat français qui avait sauvé la vie de son fils Antoine. En juillet 1941, ce dernier quitta l’hôpital et invita les Nejman à son mariage avec Germaine Albert. A partir de 1942, le jeune couple prit en charge la famille des réfugiés. Lorsque les Juifs furent particulièrement menacés, Antoine Beille accepta que vingt et une personnes – des Juifs amis ou parents de Nejman – viennent se réfugier à Nissan. Très impliqué dans la Résistance locale, Antoine Beille réussit à procurer des certificats de naissance « aryens » et des cartes d’alimentation pour tous, y compris bien sûr les Nejman. Même lorsque les Allemands occupèrent le sud de la France en novembre 1942, ce qui rendit les opérations de sauvetage plus périlleuses, Antoine et Germaine Beille continuèrent à s’occuper de leurs protégés juifs avec un dévouement tranquille. C’est ainsi qu’Antoine, qui – on le sut plus tard – était le commandant des FFI à Nissan, fut directement responsable – avec sa femme et ses parents – du salut de vingt-cinq Juifs auxquels ils avaient assuré, au risque de leur propre vie, asile et protection.

Dans une lettre adressée à Yad Vashem en été 1983, Antoine Beille demandait « Si la distinction dont nous avons été l’objet n’existe pas sous forme de médaille que l’on puisse épingler sur la poitrine à l’occasion des grandes manifestations patriotiques. Si cela était, je serai fier d’agrafer sur ma veste la Médaille des Justes à côté de la Croix de la Légion d’Honneur. »

Le 3 mars 1983 Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah a décerné à Ernest et Césarine Beille ainsi qu’à Antoine et Germaine Beille le titre de Juste parmi les Nations.

Germaine BEILLE

Antoine BEILLE

Césarine BEILLE

Ernest BEILLE

En haut à gauche, Max NEJMAN au Barcarès en janvier 1940 dans un groupe de volontaires juifs

A Nissan (Hérault été 1941), Max NEJMAN  tenant la main de son épouse Nacha.

Le Barcarès en janvier 1940

Marseille, le 21 juin 1983, cérémonie de remise de médailles; au centre, le consul d'Israël entouré des récipiendaires

Documents annexes

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28 juillet 2017 16:08:28
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