Hélène Rulland et sa soeur Simone, qui habitaient à Castres (Tarn) risquèrent leur vie pour sauver des enfants et des adolescents juifs pendant la guerre. Elles prêtèrent leur concours au mouvement scout des Eclaireurs Israélites de France et à son réseau clandestin, La Sixième. En été 1942, une vague d’arrestations et de déportations de Juifs déferla sur la France. Le mouvement des Eclaireurs Israélites commença à disperser les enfants abrités dans leur maison de Moissac (Tarn-et-Garonne) et chercha par tous les moyens à aider les enfants venant demander secours. Ce fut le cas d’un groupe de trente adolescentes de 16 à 20 ans qui se présentèrent au bureau du mouvement de Moissac. Ces filles de Juifs émigrés en France après 1936, qui n’avaient donc pas la nationalité française, avaient été internées avec leurs parents au camp de Gurs, puis à celui de Rivesaltes. L’organisation juive « OSE » avait réussi à les faire sortir des camps au dernier moment, alors qu’elles allaient être déportées avec leurs parents. Les jeunes filles étaient logées dans un local des scouts. En août 1942, le groupe, où se trouvaient Irène Israël, Berthe Manéla et Annie Weil, fut convoyé vers une cachette près de Vabre, non loin de Castres. Les jeunes filles, en uniforme de guides pour la circonstance, furent conduites par Hélène Rulland, une ancienne cheftaine qui avait alors une trentaine d’années. Des dirigeants de La Sixième qui la connaissaient bien lui avaient demandé de trouver un refuge pour les adolescentes, en lui suggérant d’établir un camp scout et de les y laisser après s’être assurée qu’elles avaient assez de vivres et que les conditions étaient satisfaisantes. Hélène Rulland loua un bâtiment et un terrain appartenant à un industriel dans la région montagneuse près de Vabre et organisa un camp où les jeunes filles vécurent pendant environ cinq semaines, jusqu’à la fin du mois de septembre 1942. La tâche n’était pas aisée. Les fugitives n’avaient pas de cartes d’alimentation, ce qui rendait leur approvisionnement difficile; il fallut leur fournir de fausses cartes. Elles n’étaient pas non plus habillées assez chaudement pour la fraîcheur de l’automne en montagne. Pendant leur séjour, les membres de La Sixième cherchèrent des familles disposées à les héberger. Finalement, grâce à des guides de montagne, la plupart de ces jeunes filles réussirent à passer clandestinement en Suisse. La soeur d’Hélène, Simone Rulland, qui était pharmacienne, vint en aide à La Sixième en fournissant des médicaments aux gens du groupe qui opéraient clandestinement dans la région de Vabre. Elle laissait également l’organisation utiliser sa pharmacie comme boite aux lettres. Malgré le danger, pendant toute la période de la fin 1942 à l’été 1944, les deux soeurs allèrent chaque soir attendre le train de Toulouse, ne quittant la gare qu’après s’être assurées qu’il n’y avait parmi les voyageurs aucun membre de La Sixième ayant besoin de leur aide. Elles agissaient pour des raisons purement humanitaires sans chercher la moindre contrepartie.

Le 5 janvier 1984, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Hélène et à Simone Rulland le titre de Juste parmi les Nations. 

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