FRADIN Noémie

En avril 1943, Anna Grinberg, une jeune femme juive dont le mari avait été arrêté et déporté, accoucha à Paris d’un petit garçon qu’elle appela Gabriel Guy. La maman et le bébé se cachaient dans un minuscule appartement. En novembre, Anna échappa de justesse à l’arrestation. Devant la détresse de la jeune femme, un ami médecin lui conseilla de faire appel à Eva Pradin, une jeune institutrice protestante. Eva l’envoya chez sa mère Noémie Pradin qui habitait à Noirvault, petit village des Deux-Sèvres. Cette paysanne, qui était veuve, avait déjà hébergé d’autres Juifs que sa fille lui avait adressés : Benoît Rayski, quatre ans, et Madeleine Barszczewski, sept ans, avaient été emmenés en cachette hors de Paris après la grande vague d’arrestations de juillet 1942; les deux enfants vécurent chez Noémie Fradin jusqu’en novembre 1943. Anna Grinberg  entreprit donc le long et dangereux voyage avec son bébé, arrivant à la petite gare de Noirvault où l’attendait une charrette envoyée par Noémie. Cette dernière accueillit chaleureusement la nouvelle venue ; bientôt Anna l’appela « Mémé ». Noémie Fradin agissait par pur altruisme, ne cherchant aucune récompense. Noirvault comptait en tout et pour tout six familles protestantes et une famille catholique; tout le monde savait que la veuve cachait des Juifs. Les villageois gardèrent le secret, apportaient des vêtements, de la nourriture et des informations, et ne souffalient mot aux autorités. En mai 1944, alors que la jeune femme était allée consulter un médecin dans la ville voisine de Moncoutant, les Allemands firent une descente à Noirvault. Le fils de Mme Fradin la prévint de ne pas rentrer au village. Aidée par le pasteur Casalis, Anna Grinberg prit la fuite. Le bébé, caché chez des voisins de Noémie, demeura chez eux jusqu’après la guerre. Arrêtée par la Gestapo, la veuve subit un interrogatoire mais réussit à se faire passer pour une paysanne ignorante, qui n’avait jamais rien fait pour les Juifs. Après la guerre, Noémie continua à entretenir d’excellentes relations avec ceux qu’elle avait sauvés. Bien des années plus tard, Gabriel Guy Grinberg donna à sa fille qui venait de naître le nom de Noémie.

Le 10 octobre 1985, l’Institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Noémie Fradin le titre de Juste parmi les Nations. 

 

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