Eva Jouve vivait au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire). Cette protestante pratiquante dirigeait « Les Airelles », un pensionnat pour enfants. Pendant l’Occupation, l’établissement accueillit de nombreux enfants juifs. La famille Sobelman s’était réfugiée à Lyon (Rhône). Au printemps 1942, le curé du quartier les avertit qu’une rafle était imminente et leur conseilla d’aller se réfugier au Chambon-sur-Lignon. Les Sobelman placèrent leur fils dans un home dirigé par Georgette Barraud (q.v). Il y demeura environ un an, puis fut transféré aux Airelles, où il vécut jusqu’à la fin de l’Occupation. Pour ne pas séparer les enfants juifs de leurs camarades chrétiens et assurer leur anonymat, tous les pensionnaires étaient tenus de réciter les prières avant et après les repas et de se rendre à l’office protestant le dimanche. Le jeune Sobelman a gardé le souvenir d’un culte tenu un soir à la chapelle de l’établissement, lorsque Eva Jouve, ayant appris que les forces allemandes se dirigeaient vers la ville, voulut prier pour le salut des petits dont elle avait la garde. Les enfants étaient traités avec chaleur et compassion par la directrice, dont le mari était interné dans un camp de prisonniers de guerre en Allemagne. Elle écoutait Radio Londres pour se tenir au courant du déroulement de la guerre et en informait les enfants. Une carte dans son bureau retraçait l’avance de l’armée rouge avec des épingles et du fil rouge. Michel Coblentz, un autre enfant juif hébergé aux Airelles, souligne que les enfants juifs étaient traités comme les autres par Eva Jouve et par les habitants du Chambon. Lorsque la guerre fut terminée, Michel Coblentz et le jeune Sobelman furent étonnés d’apprendre que parmi leurs camarades aux Airelles se trouvaient tant d’autres petits juifs.

Le 26 décembre 1988, Yad Vashem a décerné à Eva Jouve le titre de Juste parmi les Nations.

 

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