Joséphine Boucher vivait avec ses deux jeunes enfants dans une ferme à Saint Romans, dans l’Isère, sur les pentes des monts du Vercors. Son mari avait été fait prisonnier par les Allemands lors de la bataille des Ardennes. Au printemps 1943, Judith Smrodyni, une adolescente de quinze ans, arriva un matin à la ferme et demanda du lait, du pain et des légumes pour ses parents et son jeune frère, âgé de neuf ans, qui se cachaient dans une cabane dans la forêt toute proche. La police de Vichy était à la recherche de son père, réfugié juif. Joséphine Boucher avait alors 31 ans. Après avoir entendu le récit de Judith, elle décida de lui venir en aide, à elle et à sa famille. L’adolescente fut logée à la ferme, aidant Joséphine pour le ménage et les enfants. Pendant toute une année, elle se rendit une fois par semaine, auprès de ses parents, toujours cachés dans la forêt, avec des provisions et autres objets de première nécessité fournis par la fermière. Cette situation extrémement périlleuse pour la jeune femme se prolongea jusqu’à la Libération en août 1944. Les Allemands, qui savaient que la région du Vercors fourmillait d’activités clandestines, y venaient régulièrement, brûlant des fermes et exécutant tous ceux qu’ils soupçonnaient de donner asile à des résistants. Le danger atteignit son paroxysme à l’été 1944, à la veille de la Libération. Pendant deux mois, quelque 3 500 combattants du Maquis livrèrent une véritable bataille rangée aux Allemands, subissant de lourdes pertes. Au mépris du danger, Joséphine Boucher protégea ses réfugiés jusqu’au bout. Après la guerre Judith garda le contact avec celle qui l’avait sauvée pendant de longues années.
Le 5 mars 1989, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Joséphine Boucher le titre de Juste parmi les Nations.
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