La famille Lustig habitait à Nancy. Les parents étaient des Juifs étrangers mais leurs quatre filles, nées en France, avaient la nationalité française. Pendant l’Occupation, les Lustig se réfugièrent à Pont à Mousson (Meurthe-et-Moselle) pour tenter d’échapper à la déportation. Or, le 19 juillet 1942, la police et les gendarmes français procédèrent à l’arrestation massive des Juifs étrangers de la région. Comme les autres victimes, monsieur et madame Lustig furent livrés aux Allemands et déportés. Les quatre soeurs se retrouvèrent seules au monde. Une amie française de la famille vint s’installer chez elles pour s’en occuper. En mars 1944, le policier qui avait arrêté leurs parents deux ans plus tôt vint à leur domicile les prévenir qu’une nouvelle grande rafle des Juifs était imminente. Il leur conseilla de se cacher immédiatement. Paul Grosse, un ami de leurs parents, vint en aide aux quatre filles. Il en plaça trois dans différentes familles et envoya l’aînée, Régine, qui avait alors dix-neuf ans, chez sa belle-soeur, Marie Grosse, une paysanne qui habitait Essey-et-Maizerais. Marie la présenta comme sa cousine. Chez elle, Régine rencontra l’institutrice du village, mademoiselle Hugel, qui la réconforta et lui apporta un soutien moral et intellectuel. Comme Paul, son beau-frère, Marie soutenait la Résistance; tous deux multiplièrent les efforts pour sauver les soeurs Lustig. Paul Grosse les traitait comme ses propres enfants, les rassurant dans les moments difficiles et faisant appel à l’abbé Ledain (q.v) quand elles avaient besoin de réconfort. Chaque fois que survenait un danger, Paul se chargeait de leur trouver une nouvelle cachette : Lily, une autre des filles, raconta plus tard avoir changé sept fois d’abri en trois mois. L’abbé, qui faisait partie d’un réseau de Résistance, procura des faux papiers et des cartes d’alimentation aux fugitives. Régine vécut chez Marie Grosse jusqu’à la fin de la guerre, soit pendant près d’un an. Comme Paul, son beau-frère, la fermière agissait sans chercher la moindre rétribution, uniquement mue par ses sentiments humanitaires. Tous deux prenaient d’énormes risques. Leur amitié avec Régine se poursuivit après la guerre.

Le 4 juin 1989, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Marie et Paul Grosse le titre de Juste parmi les Nations. 

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