Paul Corazzi habitait à Perpignan, dans les Pyrénées Orientales. Haut-fonctionnaire à la préfecture, il en était le représentant auprès du camp de Rivesaltes, situé à proximité de la frontière espagnole. Dans ce camp étaient internés des Juifs venus d’Europe centrale, des Juifs déportés du pays de Bade ainsi que des personnes indésirables appartenant à des groupes jugés hostiles par le gouvernement de Vichy. De juillet à novembre 1942, Paul Corazzi ne ménagea pas ses efforts pour sauver les jeunes juifs de la déportation vers les camps de l’est de l’Europe. Dans la première moitié d’août 1942, avant le début des déportations, il convoqua dans le plus grand secret les représentants des principales organisations humanitaires qui travaillaient à Rivesaltes. Lors de cette réunion, tenue dans les bureaux du Secours Suisse, il révéla que, selon les nouvelles instructions reçues, les Juifs de moins de 16 ans, auparavant exclus des listes de personnes à déporter, devraient prendre place dans les prochains convois. Pour les sauver, il allait être nécessaire de convaincre leurs parents d’accepter de s’en séparer et de partir sans eux. La tâche était difficile. Paul Corazzi organisa lui-même l’opération de sauvetage; au volant d’un véhicule du Secours Suisse, il fit plusieurs fois la navette entre le camp et Perpignan, réussissant à sauver 25 enfants juifs. Par ailleurs, il mit à profit ses fonctions pour modifier, sur leurs papiers d’identité, les dates de naissance des adolescents qu’il « rajeunit » pour les faire passer en dessous de l’âge fatidique. Il put ainsi contourner l’ordre de déporter tous les jeunes âgés de seize ans et plus, permettant à des dizaines de Juifs de rester dans le camp, ce qui leur sauva la vie. Grâce à ce bref répit, on réussit en effet à transférer, un peu plus tard, les jeunes en question vers les foyers de l’OSE et du Secours Suisse. Paul Corazzi prenait de la sorte des risques majeurs. Il pouvait, à tout moment, être dénoncé par ses supérieurs ou ses subordonnés, pour des raisons idéologiques ou autres. Néanmoins, il se battit inlassablement pour sauver des Juifs de la déportation, arrivant parfois à faire descendre des gens du train à la dernière minute, et même à en sauver certains alors que le train était déjà en marche. Une partie des rescapés réussit à s’enfuir en passant la frontière espagnole ou suisse. Par ailleurs, M.Corazzi lutta pour l’amélioration des conditions de détention à Rivesaltes : il obtint davantage de lits, un meilleur éclairage, des rations plus satisfaisantes. Il insista pour que les déportés voyagent dans des compartiments de passagers et non des wagons à bestiaux fermés hermétiquement, et pour qu’ils reçoivent un peu d’eau et de nourriture en route. Beaucoup de Juifs durent leur vie à Paul Corazzi. Nombre d’entre eux, alors trop jeunes ou trop plongés dans leur détresse, ne savent même pas que c’est à lui qu’ils doivent leur survie.

Le 13 décembre 1989, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Paul Corazzi le titre de Juste parmi les Nations.

 

Cérémonie

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11 janvier 2016 08:53:54