Arthur Lavergnat exploitait sa ferme située le long de la frontière suisse. Des centaines de Juifs tentèrent désespérément de passer en Suisse pendant la guerre, mais la présence massive de soldats allemands – et de gardes-frontières suisses – rendait l’entreprise périlleuse. Des témoignages concordants révèlent qu’au mépris du danger le fermier fit passer en cachette une quarantaine de groupes de Juifs. Dans un premier temps, il coupa les fils de fer barbelés qui longeaient sa ferme, puis il dissimula la brèche ainsi faite avec des branchages. Lorsque des fugitifs étaient annoncés, il allait les attendre là. S’il y avait trop d’Allemands dans les parages, il prévenait les agents de la résistance d’ajournet l’opération. Dans son témoignage après la guerre, Rolande Birgy (q.v.), une des résistantes qui guidaient les Juifs vers les barbelés, raconte que plus d’une fois Arthur Lavergnat et sa femme Jeanne ne se contentèrent pas d’escorter les Juifs mais encore les hébergèrent pendant quelques jours – jusqu’à ce qu’ils puissent franchir la frontière en toute sécurité. Le fermier prenait des risques particulièrement élevés : certes, c’était le cas de tous les passeurs, mais du fait qu’il vivait le long de la frontière, il était particulièrement exposé. En outre, les soldats allemands avaient installé un poste avancé au château de Bossey, d’où ils pouvaient entendre ce qui se passait chez les Lavergnat et même tirer, la brèche dans les fils de fer barbelés étant à portée de leurs fusils. Arthur Lavergnat ne savait jamais, lorsqu’il conduisait les fugitifs vers la frontière, si un soldat ne le tenait pas dans sa ligne de mire.

Le 31 mai 1990, Yad Vashem a décerné à Arthur Lavergnat et à sa femme Jeanne, le titre de Juste parmi les Nations. 

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14 mars 2015 09:51:39