Les Drillich, une famille de Juifs néerlandais, prirent la fuite devant l’invasion allemande et vinrent chercher asile en France. A l’hiver 1942, les réfugiés se trouvaient à St. Laurent du Pape (Ardèche). Les Allemands venaient d’occuper le sud de la France et les habitants du village savaient que les Drillich étaient juifs. Le 15 décembre, M. Tartier, pasteur de la congrégation protestante du village, vint les avertir de fuir : les autorités, leur apprit-il, avaient entrepris de déporter les réfugiés juifs de la Hollande, de la Belgique et du Luxembourg et les gendarmes procédaient à des arrestations dans une localité située à tout juste huit kilomètres. Comme les Drilich ne savaient où aller, le pasteur les ramena chez lui et ils passèrent la nuit dans son grenier. Pendant les deux semaines suivantes, ils dormirent au grenier et passèrent leurs journées au premier étage. En donnant asile, au mépris des lois, à une famille juive, le pasteur prenait un risque d’autant plus élevé que du fait de ses fonctions sa maison était en permanence ouverte à tous. Il procura à ses protégés de faux papiers d’identité, puis, bien que souffrant d’une bronchite, parcourut une cinquantaine de kilomètres à bicyclette sur des routes verglacées pour aller à Privas, où il espérait trouver un passeur. Cet espoir fut déçu et il rentra les mains vides. Le danger s’intensifiant, les réfugiés ne pouvaient rester plus longtemps dans la demeure du pasteur, qui décida des les envoyer en Haute-Loire. Quatre de ses paroissiens accompagnèrent les Drillich à la gare et les installèrent avec leurs valises dans le train. Ensuite ils continuèrent seuls jusqu’à St. Sauveur-de-Montagut où les attendait le pasteur Bonnet. Puis ils errèrent de cachette en cachette avant d’arriver à Freycenet-de-St. Jeures où ils vécurent jusqu’à la Libération. Les Drillich n’oublièrent jamais la générosité du pasteur et d’autres religieux qui s’étaient dévoués pour de parfaits inconnus. L’épouse du pasteur Tartier avait aussi aidé Gertrude, une jeune fille juive de Mannheim qui avait été extraite du camp de Gurs dans les Pyrénées après la mort de sa mère. Mme Tartier l’hébergea un certain temps, puis l’aida à partir se réfugier au Chambon-sur-Lignon. Le 1er octobre 1943, la Gestapo arrêta le pasteur Tartier et le jeta en prison. Il fut relâché au bout de deux mois. Il avait échappé à la déportation mais sa santé fut gravement ébranlée par cette épreuve.

Le 26 octobre 1989, Yad Vashem a décerné au pasteur Tartier et à sa femme le titre de Juste parmi les Nations. 

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