En 1940, le docteur Lévy, médecin militaire, avait rencontré Henriette Delavenna, qui vivait à Saint-Claude dans le Jura, à proximité de la frontière suisse, et ils avaient sympathisé. Après la défaite de la France et le statut des Juifs promulgué par Vichy, le docteur Lévy fut renvoyé de l’armée, d’où les Juifs étaient désormais exclus. Henriette lui vint en aide en lui trouvant un emploi dans une usine ainsi qu’un logement pour sa famille – une maison isolée, à l’écart à Saint Claude. Elle les aida également à trouver de la nourriture et s’efforça de leur remonter le moral. Lors de l’hiver 1942, Henriette et Emile Delavenna déménagèrent pour s’installer à Chatenois, petite localité des Vosges. Les Lévy, eux, restèrent à Saint-Claude en dépit de la situation : les Allemands effectuaient à présent perquisition sur perquisition, à la recherche des groupes de résistants armés qui opéraient dans le Jura. En avril 1943, Henriette Delavenna proposa à la famille Lévy de recueillir sous son toit les deux fillettes du couple, âgées de quatre et cinq ans, pour qu’elles soient plus en sécurité. Le 17 avril, la soeur d’Emile accompagna les deux petites à Châtenois. Henriette et Emile les accueillirent chaleureusement, leur donnèrent des noms d’emprunt et les firent passer pour des membres de leur famille. Seuls la directrice de l’école et le curé du village qui dispensa les enfants d’aller à la messe, connaissaient la vérité. Les gens du village n’étaient pas au courant – ou bien faisaient semblant, par égard pour la famille Delavenna qui était très estimée. Les fillettes s’habituèrent rapidement à leur nouvelle famille dans laquelle elles vécurent jusqu’en juin 1945. En novembre 1944, la région fut le théâtre de furieux combats entre les forces alliées et les Allemands. La Croix-rouge française proposa d’évacuer les enfants pour les mettre en sûreté en Suisse. Craignant que la véritable identité des petites Lévy ne soit découverte, les Delavenna refusèrent, mais pour éviter tout soupçon, ils gardèrent également leurs propres enfants à la maison. Après la guerre, le docteur Lévy et sa femme voulurent rembourser les frais du séjour prolongé des enfants. Henriette et Emile refusèrent avec véhémence, soulignant qu’ils n’avaient pas agi par intérêt financier. Les deux familles restèrent trés liées.
Le 18 mars 1991, Yad Vashem a décerné à Henriette et Emile Delavenna le titre de Juste parmi Nations.
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