La famille Abinun avait quitté Sarajevo en 1936 pour s’installer en France. Moïse Abinun, tailleur de son état, travaillait dans la fabrique de confection de vêtements de sport de Pierre Marche à Lyon (Rhône). Sa femme Mathilde s’occupait de leurs deux filles. En novembre 1942, les Allemands occupèrent la zone sud et firent leur entrée à Lyon. La situation des Juifs empira. Les Abinun allaient souvent se réfugier chez des voisins ou des collègues de Moïse pour échapper aux rafles. Un matin, dans le courant du mois de mars 1944, deux agents de la Gestapo vinrent frapper à leur porte. Heureusement, Mathilde était sortie faire ses courses avec les fillettes. Des voisins, voyant ce qui se passait, courirent la prévenir. Elle se précipita à l’usine où se trouvait son mari. Affolé, Moïse fit appel à Pierre Marche, qui lui proposa de le cacher avec sa famille dans une pièce vide au cinquième étage du bâtiment. Sans demander de loyer, Pierre Marche meubla sommairement la pièce et y installa une machine à coudre pour permettre à M. Abinun de continuer à travailler. Le fils de Pierre Marche, qui portait le même nom, effaça la mention « juif » qui figurait sur la carte de séjour de Moïse, transforma son prénom en Maurice, et celui de son père, Samuel, en Famueli. Il ne changea pas Abinun, qui ne sonnait pas particulièrement juif en français ou en allemand. Le jeune Pierre, qui avait alors vingt ans, se chargea de ravitailler les fugitifs qui n’osaient pas sortir de leur asile. A la fin du mois de mars 1944, les deux filles partirent pour Messimi, localité située à une trentaine de kilomètres de Lyon, où les Marche leur avaient trouvé un logement. Moïse et Mathilde Abinun demeurèrent cachés dans l’usine jusqu’à la Libération.

Le 13 juin 1991, Yad Vashem a décerné à Pierre Marche et à son fils Pierre, le titre de Juste parmi les Nations.

 

Pierre MARCHE fils

Pierre MARCHE père

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