Pendant les années 1940-1943, Maurice Dejean exerçait la fonction d’inspecteur à la Commission de la jeunesse et des sports à Marseille. Le 21 janvier 1943, Roger Eisinger, fondateur de la section marseillaise des Eclaireurs Israélites de France, qui se rendait à une grande manifestation scoute près de la ville, eut l’imprudence de voyager avec ses vrais papiers. Il fut arrêté à la gare, ainsi que beaucoup d’autres juifs. Heureusement, Gilbert Giraud (q.v), qui était à la tête du scoutisme français à Marseille et qui connaissait bien Roger Eisinger, assista à l’arrestation et put prévenir sa femme de ce qui s’était passé. Madame Eisinger fit appel à Maurice Dejean, qui connaissait lui aussi son mari du fait de leurs activités communes dans le scoutisme. L’inspecteur se servit de sa position et de ses contacts pour faire remettre Roger Eisinger en liberté, puis l’amena chez lui. Maurice et Odette lui sauvèrent ainsi la vie, car les Juifs arrêtés avec lui furent déportés à Sobibor, d’où ils ne devaient jamais revenir. Alors que le mouvement des Eclaireurs Israélites avait été interdit et de nombreux juifs arrêtés, Maurice Dejean procura à Roger Eisinger de faux papiers au nom d’Emmanuel Eydoux, puis l’hébergea pendant huit mois dans sa maison de campagne de La Rose, dans la banlieue de Marseille, veillant à tous ses besoins, sans demander la moindre compensation. Lorsque la situation des Juifs de la ville devint critique, Eisinger gagna Lyon où, utilisant sa fausse identité, il trouva du travail dans une ferme. Pendant toute cette période, sa femme et ses deux enfants avaient trouvé refuge chez Gilbert Giraud. Après la guerre Roger Eisinger publia de nombreux poèmes sous le pseudonyme d’Emmanuel Eydoux – le nom que lui avait attribué Maurice Dejean, l’homme auquel il devait la vie.

Le 16 avril 1992, Yad Vashem a décerné à Maurice et Odette Dejean le titre de Juste des Nations.

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