Maria Corbat vivait à Villes-les-Blamont, petite localité du Doubs (Jura) à proximité de la frontière suisse. Cette paysanne, sans enfants, âgée et frêle, prenait soin de son mari, plus âgé encore et paralysé. Un soir d’hiver, trois femmes frappèrent à la porte. C’était Sonia Winischki et ses filles, Inge et Baerbel. La famille Winischki, des Juifs qui s’étaient enfuis de Berlin en Belgique, puis à Roubaix, avaient eu la vie sauve grâce à la bonté d’un policier français, Léon Coghe (q.v) et de sa femme Germaine (q.v) ainsi que du pasteur Marcel Pasche (q.v). M. Winischki et son fils avaient réussi à passer la frontière suisse mais sa femme et ses deux filles avaient échoué par deux fois. La première, parce que le guide les avait trahies, la seconde parce que les garde-frontières avaient tué le guide d’un coup de fusil. Les trois femmes réussirent à échapper aux tirs mais se retrouvèrent seules du côté français, ne sachant où aller dans la glaciale nuit d’hiver. C’est ainsi qu’elles arrivèrent à la porte de la maison des Corbat, de parfaits inconnus. Maria Corbat leur répondit d’abord – sans ouvrir la porte – qu’elle ne pouvait les laisser entrer : le couvre-feu était en vigueur et les patrouilles allemandes prêtes à tirer sur tout ce qui bougeait. Elle finit par se laisser convaincre et accueillit les trois femmes. Elle les hébergea pendant près de dix jours avant de les accompagner jusqu’à Selencourt, où elle les confia au pasteur Rufenach, car elles avaient renoncé à toute nouvelle tentative de passage en Suisse et décidé de retourner à Roubaix. Maria Corbat n’appartenait à aucun réseau. Elle avait agi seule, n’écoutant que la voix de sa conscience pour recueillir puis accompagner les trois femmes, au mépris du danger.

Le 2 juin 1992, Yad Vashem a décerné à Maria Corbat le titre de Juste des Nations.

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