Mireille Radiguet, qui habitait à Paris, avait un emploi de comptable chez les Schustermann, une famille juive propriétaire d’une chaîne de magasins d’alimentation. Elle aimait son travail et ses collègues ainsi que la famille de son patron. Elle s’était particulièrement attachée à Mme Schustermann. Lorsque ses employeurs furent obligés de transférer leur affaire à des non-juifs en vertu des lois d’aryanisation, Mireille Radiguet ne perdit pas son emploi. Connaissant à fond tous les secrets de la chaîne, elle décida de faire de son mieux pour protéger les intérêts de ses patrons juifs tant que durerait la crise. Mais devant l’aggravation de la situation des Juifs de Paris, les Schustermann décidèrent de tenter de se réfugier dans le sud de la France. En juin 1943, M. Schustermann et deux de ses enfants réussirent à gagner les Landes. Ils attendirent à Hagetmau, commune traversée par la ligne de démarcation, l’arrivée de Mme Schustermann et de son fils Henri, qui avait alors 12 ans. Malheureusement, elle avait été arrêtée en route et internée au camp de Mérignac. Mireille Radiguet prit en charge l’enfant, le munit de faux papiers d’identité et l’accompagna jusqu’à Hagetmau où l’attendait son père. Ce long voyage à travers la France occupée était particulièrement dangereux, car les papiers de l’enfant auraient pu éveiller les soupçons. Mireille Radiguet multiplia les efforts pour faire remettre en liberté Mme Schustermann, mais en vain. En revanche, elle réussit à sauver la fille d’un concierge juif au service des Schustermann. Celui-ci, avait été interné à Drancy. Mireille plaça l’enfant dans un foyer catholique et s’en occupa jusqu’à la Libération. Prétendant être une parente, elle lui rendit visite régulièrement, lui envoya des colis de ravitaillement et vint la chercher de temps à autre pour passer quelques jours dans son appartement de Paris. Le père de la fillette eut la chance de rentrer des camps et il retrouva sa fille saine et sauve. Quant aux Schustermann, seuls deux des fils avaient survécu. A leur retour à Paris en 1945, ils trouvèrent l’affaire familiale en bon état grâce au travail dévoué de la comptable, qui leur rendit par ailleurs les objets précieux et les papiers qu’elle avait cachés pour eux pendant la guerre.

Le 10 mai 1994, Yad Vashem a décerné à Mireille Radiguet le titre de Juste parmi les Nations. 

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