Maurice et Denise Mandelbaum, des Juifs polonais, avaient émigré à Paris avant la Seconde guerre mondiale. Vers la fin de 1943, Denise, qui attendait son second enfant, fut renvoyée de son poste de domestique et dut quitter la chambre que son employeur mettait à sa disposition et à celle de sa petite famille. Une voisine compatissante lui proposa d’aller vivre temporairement dans une cabane attenant à un lopin de terre dont elle était propriétaire à Sceaux. Maurice, qui travaillait chez un tailleur pour hommes de renom, devait prendre le train tous les jours pour s’y rendre. C’était dangereux; par ailleurs il était inquiet pour Denise et son bébé, seuls dans cette cabane glaciale. Il demanda l’aide de son patron, qui refusa tout net. Cependant, une cliente, Irène Samain, avait entendu la conversation. Elle le prit à part, lui donna sa carte et lui dit qu’elle cherchait un couple de domestiques, en l’invitant à venir la voir, avec sa femme, le lendemain. Les Mandelbaum ne savaient pas s’il leur fallait se réjouir ou si c’était un piège. Ils décidèrent tout de même de prendre le risque et trouvèrent une famille chaleureuse qui vivait dans une luxueuse villa. Les Samain avaient treize enfants et la plupart habitaient encore avec eux. Hilaire Samain était architecte mais travaillait à domicile du fait d’une infirmité. Les Mandelbaum reçurent une grande chambre et se virent confier toutes les clés de la maison. Ils étaient chargés de la cuisine et de l’entretien de la demeure. Les Samain les traitèrent avec coeur et générosité. Lorsque Hilaire s’aperçut que Denise attendait un enfant, il demanda à un de ses grands fils de porter les seaux de charbon à sa place. Pour expliquer aux enfants le mauvais français des nouveaux domestiques, les Samain leur dirent qu’ils étaient des Flamands réfugiés de Belgique. Les Mandelbaum sortaient rarement de la maison de crainte d’être arrêtés. Denise accoucha le 19 août, à quelques jours de la libération de Paris, et appela sa fille « Victoire ». Après la guerre, les Mandelbaum restèrent en relations avec leurs sauveteurs. Après la mort des Samain, ils continuèrent à envoyer de l’argent chaque année à leur fille aînée pour fleurir la tombe de ses parents.

Le 22 mai 1994, Yad Vashem a décerné à Hilaire et Irène Samain le titre de Juste parmi les Nations.

Hilaire SAMAIN

Irène SAMAIN

Hilaire et Irène Samain

Hilaire et Irène Samain

Hilaire et Irène Samain

Documents annexes

Invitation cérémonieInvitation cérémonie
15 février 2019 18:28:50