La petite communauté juive de Soissons, dans l’Aisne, ne fut guère inquiétée au cours des trois premières années de l’occupation. Ce n’est que vers la fin de l’année 1943 que les rumeurs concernant l’arrestation prochaine des Juifs, même de nationalité française, commencèrent à circuler. Les Cahen et leur fillette, Marie-Claude, qui avait alors douze ans, furent prévenus par des amis qui leur conseillèrent de quitter la ville et de se cacher, car les Allemands disposaient d’une liste des Juifs et de leurs adresses. Incapables de s’y résigner, ils restèrent chez eux. Le 4 janvier 1944, alors que Marie-Claude, après le déjeuner, venait de quitter la maison et retournait à l’école, des agents de la Gestapo arrêtèrent ses parents. Lorsqu’elle revint de l’école, des voisins lui dirent ce qui s’était passé et l’avertirent de ne pas rentrer chez elle. Elle passa la nuit dans un camion plein de sacs de charbon, se couvrant d’une bâche fournie par un voisin. Au matin, le voisin l’accompagna chez les Bouchard, à Crécy-au-Mont, localité située à une quinzaine de kilomètres. Eugène Bouchard, un instituteur hostile à l’occupation, qui avait conseillé à ses amis juifs de quitter la ville et de se cacher; était toujours prêt à les aider. La fillette passa deux semaines chez M. et Mme Bouchard. Cependant, la Gestapo la recherchait et elle ne pouvait rester là, d’autant que des voisins curieux s’intéressaient à la présence de cette « nièce qui était souffrante ». Le risque pour l’enfant et pour ceux qui l’abritaient devenait trop grand; les Bouchard lui cherchèrent une cachette plus sûre, et la trouvèrent chez les Cholet (q.v) qui l’emmenèrent à Chamonix.

Le 31 mai 1994, l’institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Eugène Bouchard et à sa femme, le titre de Juste parmi les Nations.

 

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