Lorsque les Allemands envahirent la Belgique en mai 1940, dix-huit membres de la famille Szafran s’enfuirent d’Anvers en compagnie de plusieurs de leurs voisins. Ils s’installèrent à Nîmes (Gard). Les Szafran louèrent un appartement et reprirent une vie normale. Leur fils Symcha, qui avait alors quinze ans, devint membre de la troupe locale des Eclaireurs Israélites de France (EIF). La situation changea en été 1942. Le 25 août 1942, à la veille du déclenchement des grandes rafles de Juifs dans les villes du sud de la France, le chef de troupe de Symcha, Pierre Simon, l’avertit que le bruit courait qu’une rafle visant les Juifs âgés de 16 à 65 ans était imminente. Les personnes arrêtées devaient être envoyées en Allemagne pour le travail obligatoire. Il lui conseilla de se cacher. Le lendemain, toute la famille de l’adolescent, qui avait été prévenue elle aussi, mais n’avait pas tenu compte de l’avertissement, fut arrêtée et déportée. Pierre Simon vint chercher Symcha dans sa cachette et le conduisit chez les Boissier, des viticulteurs de Caveirac, près de Nîmes, qui acceptèrent de l’abriter. Les vendanges battaient leur plein; les Boissier présentèrent le jeune Juif comme un cousin, étudiant à Paris, qui venait travailler dans les vignes jusqu’à la rentrée. Simcha resta chez eux un mois, traité comme le membre de la famille qu’il était censé être. Lorsqu’il dut repartir fin octobre, ne pouvant prolonger son séjour sans éveiller les soupçons, les Boissier l’adressèrent au curé du village, le père Saint-Martin, qui l’envoya à la famille Puech (q.v.). Avant de se séparer de Symcha, Jean et Lucie Boissier lui donnèrent une fausse carte d’identité. Les relations entre le jeune homme et ses sauveurs, puis entre leurs enfants et petits-enfants, se poursuivirent longtemps après la guerre.

Le 25 octobre 1994, l’Institut Yad Vashem Jérusalem a décerné à Jean et Lucie Boissier le titre de Juste parmi les Nations.

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7 mai 2018 14:58:05