La famille Blum, des Juifs français qui habitaient à Strasbourg, fut contrainte – comme l’ensemble de la population civile de la ville – de quitter son foyer lors de la déclaration de guerre. Ils se réfugièrent avec leurs deux enfants – un garçon, né en 1931 et une fille née en 1937 – à Limoges en Haute-Vienne. Ils y firent la connaissance de Pierre et Louise Hébras qui, propriétaires d’une ferme importante près de la ville, venaient vendre leur produits au marché. Mme Blum se lia d’amitié avec Louise qui lui vendait parfois du lait et des oeufs en sus des rations auxquelles sa carte d’alimentation lui donnait droit. Vers la fin de l’année 1943, Mme Blum, qui attendait un troisième enfant, avait pris l’habitude d’aller à la ferme des Hébras avec son fils et sa fillette dans un landau avec un double fond où elle dissimulait les provisions reçues de Louise Hébras. Un jour, des miliciens français se présentèrent à son domicile; ils cherchaient son mari. Comme il était absent, ils saccagèrent l’appartement et emportèrent les objets les plus précieux, en déclarant qu’ils seraient rendus quand Alfred Blum se présenterait à leur bureau. Apprenant ce qui s’était passé, les fermiers insistèrent pour que la famille Blum vienne se cacher chez eux. Leur ferme était pourtant située à proximité d’une base de la Luftwaffe qui faisait l’objet d’une surveillance constante des forces allemandes. Il était donc indispensable de cacher soigneusement les fugitifs, dont la simple présence mettait les fermiers en danger de mort. Pierre Hébras installa Alfred Blum dans une cave dont il bloqua l’entrée par un clapier. Chaque fois qu’il venait nourrir les lapins, il ravitaillait le réfugié. Quelques semaines plus tard, il lui trouva une meilleure cachette, dans le grenier d’une usine. Alfred Blum fit le voyage dissimulé dans une charrette remplie de bois sur lequel trônait le clapier. Jusqu’à la Libération, Pierre Hébras vint tous les jours lui rendre visite pour lui apporter de quoi se nourrir. Pendant ce temps, madame Blum, restée à la ferme, accoucha de sa seconde fille, Claudine, avec l’aide de Louise Hébras. Gilbert Blum, qui avait douze ans à son arrivée à la ferme, alla pendant plusieurs mois à l’école avec la fille des Hébras. Au printemps 1944, Pierre Hébras réussit à le faire passer en Suisse; un peu plus tard, il fit de même avec Astrid, sa jeune soeur. Madame Blum resta chez les Hébras jusqu’à la Libération. Son bébé avait été confié à une pouponnière. Les liens d’amitié noués entre les deux familles pendant la guerre se poursuivirent une fois la paix revenue.
Le 18 octobre 1995, Yad Vashem a décerné à Pierre et Louise Hébras le titre de Juste parmi les Nations.
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