Lorsque la Seconde guerre mondiale éclata, de nombreux enfants furent évacués vers le centre et le midi de la France, par crainte des bombardements, avant même l’arrivée des Allemands. C’est ainsi qu’Anna Zaxs et sa soeur furent confiées à la famille Boyau qui vivait à Ivoy-le-Pré dans le Cher. Les enfants furent chaleureusement accueillis. Un peu plus tard, lorsque leurs parents vinrent les reprendre, les deux familles sympathisèrent et restèrent en contact après le retour des Zaxs à Paris. A l’été 1941, Monsieur Zaxs fut arrêté et interné à Drancy; sa femme et sa fille aînée durent chercher du travail. Aussi la petite Anna fut elle envoyée chez les Boyau pour ses vacances. L’année suivante, elle partit à nouveau passer l’été à Ivoy-le-Pré; elle venait de fêter ses douze ans. Peu après son arrivée elle reçut une lettre que sa soeur lui adressait du Vélodrome d’Hiver, où elle se trouvait avec sa mère. Comme tous les Juifs arrêtés lors de la grande rafle des 16 et 17 juillet, elles étaient parquées là dans l’attente de leur transfert au camp de Drancy. Isidore et Léontine, répondant à la détresse de l’enfant, l’adoptèrent quasiment, lui prodiguant réconfort et affection. Anna resta chez eux jusqu’à la fin de la guerre. Ce n’est que bien plus tard, lorsqu’elle eût atteint l’âge adulte, qu’elle apprit par la fille des Boyau que ces derniers l’avaient sauvée une nouvelle fois en 1944. Son dossier scolaire avait été transmis à l’inspecteur de l’enseignement primaire à l’occasion des examens du Certificat d’Etudes Primaires : l’inspecteur informa le directeur de l’école que l’enfant devait venir passer l’examen à Aubigny sur Mer – en portant l’étoile jaune. Sachant qu’un collaborateur qui vivait dans la ville avait déjà dénoncé plusieurs enfants juifs, Léontine Boyau décida de ne pas envoyer Anna, sans lui donner d’explications. Pendant tout le temps où Anna vécut chez eux, les Boyau la traitèrent comme leur propre fille, sans se laisser intimider par les graves risques qu’ils couraient La gendarmerie locale savait en effet que l’enfant était juive, et un gendarme était même venu chez eux apposer le tampon « Juif » sur sa carte d’alimentation. Anna continua à voir ses parents adoptifs après la guerre; à la mort de Léontine en 1978, Anna fit figurer son nom et celui de son mari sur le faire part de décès.

Le 28 avril 1996, Yad Vashem a décerné à Isidore et Léontine Boyau le titre de Juste des Nations.

Isidore et Léontine BOYAU, après la guerre avec leur pettie protégée Anna quand elle revenait en vacances chez eux.

Léontine et Isidore BOYAU

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