En février 1943, Yvonne Trihoreau, une veuve mère de trois enfants qui habitait St. Michel-sur-Orge, près de Paris, fut contactée par une assistante sociale de la SNCF qui lui demanda de prendre en nourrice un bébé juif de six mois, Anna Riczker. La maman avait dû se cacher après l’arrestation de ses parents, de son mari et de son frère, qui avaient été déportés. Elle était incapable d’assurer la sécurité de la petite. Yvonne Trihoreau savait que la loi interdisait d’héberger des Juifs et que l’on encouraient de lourdes peines en cas d’infraction. Elle accepta pourtant et se rendit elle-même à Paris, accompagnée de Jeannine, sa fille aînée, pour aller chercher la petite. Anna était mal nourrie et avait la coqueluche, mais elle fut bientôt guérie grâce aux soins dévoués d’Yvonne et de ses filles. Pour minimiser le danger, elles allèrent voir le curé du village qui baptisa le bébé et leur remit un certificat officiel de baptême. L’enfant fut présentée aux voisins comme une nièce dont les parents avaient été tués lors des bombardements. Les Allemands arrivèrent tout de même au domicile de la famille Trihoreau, qu’ils perquisitionnèrent de fond en comble, sans doute à la suite d’une dénonciation. Toutefois, à la vue du certificat de baptême, ils finirent par se laisser convaincre et repartir. Anna Riczker passa dix années heureuses chez les Trihoreau. Sa mère l’y laissa pendant plus de huit ans après la Libération. Elle prenait régulièrement de ses nouvelles mais n’avait pas la force de s’en occuper. Jeannine emmenait souvent la petite lui rendre visite. Lorsque l’enfant eut dix ans, sa mère vint la chercher pour la mettre dans un pensionnat pour jeunes filles juives. La séparation fut douloureuse et Anna resta pendant bien des années encore en relations avec ses « soeurs » Trihoreau.

Le 27 août 1996, Yad Vashem a décerné à Yvonne Trihoreau et à sa fille Jeannine, le titre de Juste parmi les Nations. 

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